Arthur est un jeune homme trop couvé par une mère d’autant plus possessive que sa relation conjugale est nulle. Très matérialiste le matrone s’inquiète de voir son fils tripler toutes ses classes, être sans aucun avenir social à un âge ou ses camarades sont à l’université ou en sortent.
Séance du 19 février
« Je distribue le courrier.
J’arrive devant une maison sans étage. Devant elle se trouve un petit jardin très mal entretenu.
J’entre et je vais déposer le courrier. Je découvre un amas d’enveloppes devant la boîte aux lettres, elles n’ont jamais été ramassées.
Je place l’ensemble dans la boîte aux lettres.
A ce moment, un magnétophone se met en marche, il m’informe que la personne est partie et qu’il est possible de rentrer par derrière la maison.
La locataire arrive alors, elle s’appelle Gildas. Je lui demande si elle est une femme, car je la prends pour un homme. Elle me répond par l’affirmative.
Je me retrouve dans un garage. J’aperçois alors un gars qui trottine, tandis qu’un autre garçon le rattrape en sortant. Des guerriers de douze ans attaquent les personnes.
Il s’enfuit tandis que l’autre reste sur place.
Brusquement, une 304 blanche surgit conduite par un vieillard. La voiture heurte deux voitures et poursuit sa route.
Auparavant, le chauffeur a écrasé deux personnes, elles sont allongées sur la route.
Je veux la rattraper, mais je dois auparavant aller voir mes parents.
Je leur demande la clé de la voiture mais ils refusent. Je descends voir l’accident et dévisage les deux personnes allongées. Elles sont mortes.
C’est bien le jeune garçon de douze ans et celui qui trottinait. La personne qui conduit au début la 304 est bien mon père ! »
Commentaire du rêveur :
« Le petit jardin : c’est mon intérieur mal entretenu.
Cette femme représente une femme particulièrement masculinisée. C’est mon père qui écrase les deux jeunes ! »
Le Moi du rêveur doit enclencher les échanges et la communication entre le conscient et l’inconscient. Il doit être le messager et véhiculer l’information. Sa maison n’a pas d’étage (relationnel et spirituel) et son jardin intérieur n’a pas été défriché.
Jusqu’à présent, les messages oniriques ne sont ni reçus ni intégrés, aussi se sont-ils accumulés.
Désormais, le passé d’Arthur, grâce à la “mise à feu” (la compréhension) des messages peut enclencher le magnétophone.
La musique constitue le véhicule du sentiment, le véhicule de l’affectivité.
Arthur doit prendre conscience que sa partie féminine est très virile. Elle est calquée sur l’empreinte de sa mère. Son père n’a strictement aucune autorité. C’est un homme faible.
« Il ne voit rien ! Il est inconscient, totalement lié à sa mère ! C’est un aveugle. Il a tué sa propre jeunesse ! »
Le vieillard est à l’image de son père ; C’est un “mort vivant” ayant sacrifié sa jeunesse. Son véhicule, c’est-à-dire son mode de penser et de se déplacer est rationaliste. Les parents d’Arthur sont hyper matérialistes et n’ont effectué aucun développement intérieur, malgré leur présence assidue au service dominical, voire leur bigoterie.
Arthur est toujours lié à ses parents.
Le rêve exprime l’agressivité de son père jamais extériorisée, mais aussi la sienne propre. Elle l’inquiète.
Dans la famille, le seul mode de déplacement, c’est-à-dire de raisonnement, est mécanique, symbolisé par le véhicule automobile. Un frère d’Arthur s’est tué dans un accident de la circulation. Lui-même n’est pas à l’abri de pareilles pulsions agressives, ce qui effraye sa mère.
Lorsque les paysans veulent garder des oies dans un enclos, ils leur coupent les ailes…
Notre fils Irwin, à l’âge de treize mois n’a de cesse de repousser le cadre affectif parental.
On le retrouve fréquemment en haut des échelles. A cet âge, l’être n’a pas conscience du danger, aussi ce sont les parents qui supportent mal les angoisses induites par leur rejeton…
Il s’en va çà et là dans le séjour, sortir la terre des pots pour la centième fois malgré les remontrances. L’enfant veut en faire à sa tête, n’obéit à rien, ne répond pas lorsqu’on l’appelle. Il repousse violemment sa mère lorsque celle-ci, excédée par la persistance des actes négatifs, essaie de le morigéner.
Le père se trouve donc confronté dès le premier âge de son fils au délicat problème éducatif, c’est-à-dire aux limites à inculquer à l’enfant et à la notion de sanction.
Elle ne doit pas être excessive. La frayeur parentale ne doit pas éteindre chez l’enfant un désir louable d’expansion spatiale et de conquête.
Au contraire, le père doit se réjouir d’avoir un rejeton aussi turbulent, entreprenant et d’un caractère aussi trempé dès l’âge d’un an ! Cela se développe aux dépends de sa propre liberté. L’enfant ignore encore la nuisance de ses actes et les limites de sécurité à observer.
Mieux, il lit la réprobation dans le regard parental et s’y affronte avec malice. Ainsi, Irwin arrête systématiquement le balancier de l’horloge ce qui a tendance à nous irriter outre mesure, de même que toute la terre répandue systématiquement dans le séjour.
L’enfant doit à la fois observer et contrôler ses propres activités, il est enseigné par les chutes, la douleur ou les signes de désapprobation parentale. Il en est de même lorsqu’il va ramasser des pommes pourries dans le jardin, ou croquer allègrement n’importe quel végétal, voire des cailloux.
Les parents ne doivent pas trop limiter ses entreprises, mais bien se féliciter de chacune de ces nouvelles poussées de croissance et de ces nouveaux tours d’acrobatie comme de ses forces.
Un compromis subtil est sans cesse à trouver entre ce qui est insupportable, voire dangereux pour l’enfant, aussi sans cesse la notion de limite doit-elle être claire dans l’esprit parental sans confusion ni retour en arrière incessant… ce qui est rarement rencontré en pratique.
Le père d’Arthur, de toute évidence, était incapable d’assumer cette discrimination, aussi a-t-il toujours écrasé les parties jeunes, agressives, contestataires de l’enfant tandis qu’il trottinait. Cela s’est déroulé très tôt dans la vie d’Arthur alors qu’il essayait de se déplacer et d’échapper au cadre parental assez mortifère.