Pour répondre à cette question fondamentale, nous emprunterons un rêve à Arthur, un jeune homme au passé dyslexique et dysorthographique. Ses difficultés scolaires ont alarmé à juste raison ses parents car il redouble ou triple toutes ses classes. L’échéance du baccalauréat au prestige incontournable a mobilisé sa mère qui nous l’a confié… “manu militari”… avec 6 de moyenne alors que le BAC est dans 6 mois.
Mars 1988
« Je suis dans un bâtiment en béton, muni de portes coulissantes très épaisses.
Dehors, des monstres : ils veulent entrer. Ils ont une grosse tête et un gros corps liés par une forme de spirale au cou. Ils utilisent leur tête pour frapper contre la porte. Elle est fissurée en certains endroits à la suite de leurs coups de butoir. Ces monstres viennent de l’espace.
Ils sont bientôt remplacés par d’autres qui ont une apparence d’homme armés de pistolets portant armure. Ils ont une tenue bicolore vert jaune et l’apparence humaine. Nous en faisons entrer quelques-uns. On les attaque avec des bâtons et des barres.
On les a tous supprimés. On récupère leurs armes. Tout le monde a deux revolvers à part moi qui n’en ai qu’un seul. La partie qui porte le pistolet est une sorte de housse en plastique noir.
Pour la fixer au corps, on utilise deux cordes qui entourent le bassin et la cuisse. On ouvre les portes pour laisser entrer une vague d’ennemis puis on les enferme. Ils sont tous tués.
Comme il est impossible de tous les éliminer, on va chercher une arme très puissante qui vient du fond du bâtiment : C’est une boule de feu !
Après avoir utilisé cette arme absolue, on ouvre la porte. Il n’y a plus d’âme qui vive. Une jeune femme regarde le paysage.
Puis, au loin, apparaît un serpent vert ayant trois cous, et trois têtes.
Les portes sont prises de paniques, s’ouvrent et se ferment apparemment sans ordre.
Le groupe décide de se replier vers le fond. Un gars du groupe me dit qu’il était prisonnier au fond de sa cellule. Il avait dû emprunter un tunnel pour s’échapper, mais on l’avait libéré avant qu’il n’arrive à le terminer.
Ils y vont tous tandis que moi, je tombe pour faire diversion.
Le serpent est entré. Il reste dans la première pièce. Il lâche des animaux qui vont fouiller à sa place : ce sont des loups.
Ils marchent sur deux pattes. J’atteins le sommet, c’est une tour carrée qui me fait penser à celle de Babylone.
Je domine alors, puis je redescends rejoindre le groupe. J’arrive dans une immense salle. Je marche sur des poutres.
Je vois là beaucoup de gens, ils nous recherchent. Ils ont été envoyés par le serpent pour nous trouver et nous ramener. Ils sont armés d’armes blanches. Je dois utiliser bien des ruses pour rejoindre le groupe dans la cave. Ils sont dans la cellule. Je vois l’ouverture du trou. On ne peut pas s’enfuir par ce chemin. On revient dans la pièce centrale prendre une poutre qui se trouvait là par terre. Elle va servir de bélier conter un mur. Auparavant, on retire le carrelage qui décorait le mur.»
Arthur a dessiné une sorte d’empilement de cubes décroissant. Il ressemble à une Ziggurat à trois étages. La partie supérieure du plus petit cube est percée d’un orifice qui donne accès au cube intermédiaire et de là, un nouveau passage permet de se rendre dans une immense cuisine qui est située à l’intérieur du cube inférieur.
Nous avons à interpréter un rêve complexe révélateur d’une structure humaine, d’une alchimie.
Commentaires d’Arthur :
« Le serpent est immense, je ne suis pas apte à l’affronter. Il est à l’extérieur de cet ensemble et s’il passe sa tête, c’est uniquement dans la pièce supérieure.
Il envoie alors des loups chercher dans les pièces inférieures. Ils se transforment alors en hommes. Ils ont des armes blanches. Nous nous sentons obligés à un affrontement.
Au début, le serpent était au-dehors. Il va ensuite loger sa tête dans la pièce supérieure laissant son corps à l’extérieur.
Est-ce ma mère ?
L’ensemble de ces trois cubes est taillé dans la pierre. Il n’y a là aucun béton. Les monstres sont remplacés par des hommes dont on n’aperçoit rien du visage mais dont les extrémités supérieures se terminent par deux cônes pointus vert et jaune. Ce sont bientôt des militaires.
L’entrée de la partie supérieure est fermée par des portes coulissantes très épaisses en pierre tandis que le passage entre le cube supérieur et le cube moyen n’a pas de porte. Il y a une charpente de poutres de bois sur laquelle j’étais juché entre la salle intermédiaire et l’immense salle inférieure. De la pièce inférieure part sur le côté l’entrée d’une cave où se situe la prison et les cellules. Il faut essayer de s’échapper depuis là !
Cette grande pièce dans laquelle on parvient après être sorti des cellules puis avoir traversé le couloir est une immense cuisine. Ce qui m’a beaucoup intrigué dans le rêve, c’est que le serpent avait neuf têtes. »
Arthur est très imprégné de lectures assidues de bandes dessinées. C’est un lieu où l’imaginaire peut s’écouler sans retenue donnant à l’observateur extérieur une nouvelle épreuve caractéristique en cette fin du millénaire de la vie éternelle des archétypes.
L’ensemble dessiné par Arthur ressemble à une “tour d’ivoire” à l’intérieur de laquelle il est toujours enfermé… et jalousement gardé par l’esprit de sa mère toute puissante.
Pour le lecteur informé de l’histoire de Sumer, elle ressemble à la “Ziggurat”. Le serpent à neuf têtes personnifie également les neuf vies du reptile égyptien. La pensée (le serpent) résulte de neuf grandes vibrations énergétiques.
Il est à noter qu’il vient de l’extérieur.
Peut-être s’agit-il des “idées monstres”, des idéaux hérités du père et de la mère ?
Arthur précise que la porte redevient normale. Les fissures disparaissent avant que de nouveaux envahisseurs soient devenus si nombreux qu’il soit bientôt nécessaire d’utiliser l’arme absolue : la “boule de feu”.
Le processus “d’osinirisation” -du moins la cuisson alchimique- permet seul en effet de venir à bout de pareille épreuve.
« Après nous, plus rien ne vit, plus rien ne bouge. Une femme regarde le paysage. »
Arthur va monter au sommet de la tour carrée. C’est un chemin spirituel purement matérialiste dont évidemment il ne peut s’échapper car il n’y a pas d’issue.
« Ensuite, beaucoup de personnes nous cherchent, ils viennent du serpent. Alors, devons-nous descendre un étage en dessous. J’effectue une diversion en montant sur les poutres. »
Arthur n’est pas prêt d’échapper à son imaginaire. Il lui faut subir bien des épreuves. Elles attendent tous ceux dont la mère a été trop présente dans le couple parental devant pallier à un mari déficient ou absent.
Dans le cas présent, le père ne voit pas clair, aussi porte-t-il des lunettes. Sa chère épouse a trouvé dans la pharmacie une source de revenus et sa réalisation sociale.
Tous deux vont chaque dimanche à la messe, communient et entendent inculquer de gré ou de force à leurs enfants de pareils idéaux (idées-hauts). L’un d’eux s’est déjà suicidé, mais de cela on ne peut parler puisqu’il s’agit d’un accident de la circulation !
Arthur n’a toujours pas assimilé “le départ” de son frère. Il n’est pas sorti des épreuves du labyrinthe. Il doit faire face chaque jour au mille et une tentacules d’une mère trop possessive, sorte de pieuvre mythique face à laquelle son pauvre père n’ose pas récriminer !
Rêve
« Me voici parvenu à la frontière est-ouest. Je pénètre dans le territoire en me cachant. C’est la campagne. Il y a là une forêt et une route en terre.
Je reviens à la frontière. Elle est représentée par une rivière. Au milieu de son lit se trouve une île. Elle est considérée comme un territoire neutre.
Du côté de l’est, un grillage assez haut borde la rivière.
Je vois deux personnages franchir la frontière en fraude à des moments différents. La première passe sans difficulté tandis que la seconde en éprouve plus, aussi je l’aide.
Elle est fatiguée. On prend un train de marchandises, on est debout au centre du wagon. Les deux portes sont ouvertes, je la tiens.
Nous sommes maintenant parvenus dans une ville coupée en deux par la frontière. Je tiens bon pour qu’elle franchisse la frontière.
Le chemin de fer passe sur la frontière. Je tiens bon pour qu’elle ne tombe pas du côté de l’Est.
On voit des barbelés qui barrent la route. Les troupes patrouillent avec des chars.
Nous sommes maintenant parvenus dans un tramway où il y a beaucoup de monde. Nous arrivons à un passage critique.
C’est une entrée du tunnel où le tramway déraille et tombe dans une rivière. Les bords de la rive sont en béton. La personne que j’accompagne réussit à quitter le tunnel. Je vois une échelle qui monte vers une issue de secours. Je la rejoins.
Je monte, mais je suis immédiatement bloqué car c’est un cul-de-sac.
Sur le côté, je vois un signal d’alarme. J’appuie sur le bouton.
En face de mon visage se trouve une bouche d’aération. Elle m’envoie de l’air.
Je dois changer de train dans une gare. Je suis dans la ville et vais prendre une chambre dans un hôtel. Je dois me réveiller vers une heure du matin pour prendre ma correspondance. Je m’endors et me réveille vers 7 heures du matin. J’ai raté mon train. Pendant mon sommeil, j’ai entendu des voix. On a essayé de me réveiller en m’appelant. Mais on n’a pas pu m’arracher à mon sommeil. Je vois deux personnes dans ma chambre : Sylvie et Gaïa. Je vais dans le couloir il est rempli de monde. La propriétaire me donne les raisons de la situation : elles ne veulent pas perdre une journée de ski. Je vais me renseigner à la gare. »
Le train des correspondances, celui où l’on doit changer de voie doit s’effectuer très tôt dans la vie, et Arthur l’a raté.
C’est de bon matin qu’il faut s’arracher au premier sommeil de l’existence.
Arthur a été nourri au biberon, aussi est-il resté fixé à la déglutition. C’est dès la tendre enfance qu’il aurait dû normalement franchir le cap dès un an ou deux.
Il a présenté durant toute son enfance beaucoup de difficultés pour avaler sa nourriture. Il n’est guère sorti des ennuis sévères de déglutitionque vers l’âge de sept ans,
« Non pas, mais à l’école primaire, à l’époque du CE1. »
L’introduction du féminin non maternel donne seule issue à l’extérieur.
Les rives étaient en béton. Le moule initial rigide se découvre étroit et est à l’origine de ses problèmes.
La mère, très rationnelle, est nourrie de certitudes cartésiennes et financières générées par sa profession. Elles ont l’avantage d’assurer une vie maternelle sans problèmes !
Elle est restée toute son existence sur cette programmation, car elle ne pouvait faire autrement, aussi une armure névrotique lui est nécessaire pour masquer les réalités et pouvoir survivre.
Combien d’êtres suivent pareils développements ?
Arthur est bègue, dyslexique, il a d’épouvantables conflits avec l’orthographe. Les fautes de grammaire ou de syntaxe sont toujours identiques à elles-mêmes et hautement caractéristiques des difficultés relationnelles et psychologiques qui l’ont blessé depuis sa tendre enfance, dans son parcours scolaire.
² Une origine psychologique déterminé par un lien délicat à une mère jugée négative que les pédiatres ignorent trop.