Nous avons à écouter une solide personne ayant d’importantes responsabilités dans l’existence. Très capable dans son travail, elle assume un grand nombre d’employés. Idéaliste, travailleuse, elle est un pilier d’une grande entreprise régionale.
Rêve du 30 mai 1986
« Je suis sur le point de partir à Rome. Mes bagages sont dans le train et j’examine les billets. J’en ai plusieurs, mais les indications sont mal écrites et peu lisibles.
Je prends mon temps car je suis en avance. Tout à coup je m’aperçois m’être trompée de train. Celui que je dois prendre pour avoir les correspondances part à 11 heures et je suis dans le mauvais train !
Je me précipite sur le quai, je descends les escaliers dans le noir sans voir les marches, je me guide avec les mains sur le mur, mon train va partir !
Les bagages sont restés dans l’autre et je suis affolée !
Je devrais réfléchir calmement et examiner la situation au lieu de foncer sans espoir de réparer mon erreur !
Cela ne sert à rien et je vais finir par me casser la figure. »
« Je me suis trompée, je me précipite pour trouver un autre train, le bon train, mais il est parti ou va partir, tout cela reste dans le noir, je ne sais pas comment me diriger.
Le train c’est la vie qui nous emmène mais mes bagages vont aller ailleurs. Ils sont de toute façon perdus, mais cela ne me chagrine pas. »
Partir pour Rome c’est aussi partir pour la ville « sainte ». C'est-à-dire pour elle débuter le travail d’éveil spirituel. Cela ne va pas sans angoisses, aussi la rêveuse est-elle agitée.
Elle a peur du changement car elle doit vivre une période d’insécurisation, mais elle ne tient ni à ses biens matériels ni à ses acquisitions. L’inquiétude et l’affolement constituent autant d’actes intempestifs dont le moi est très conscient et bien décidé à maintenir le cap où il faut. C’est une personne structurée et responsable.
« Il ne sert à rien de courir ni de se précipiter. Le passé est mort… Je descends à toute vitesse et j’ai le sentiment que je vais tomber.
En fait, notre amie a matière à s’irriter devant les infantilismes de certains collaborateurs ou des clients. Mais sa maîtrise est grande. Jamais rien ne transparaît de ses émois intérieurs. Elle constitue le pilier indispensable et intangible du chef d’entreprise.
« Je suis chez ma tante Je veux faire du café mais je n’y parviens pas ! Je veux faire chauffer de l’eau et y mettre de la poudre mais à chaque fois quelqu’un y rajoute des carottes ou des asperges en très petits morceaux, et des pommes de terre passées à la moulinette également en petits morceaux. Cela me met en colère. Je sais que c’est la tante qui me joue ce tour, or elle est décédée!»
J’ai fait un second rêve cette même nuit : « Mon père et l’oncle sont partis en avion à la pêche en bord de mer à Saint Brévin. J’ai réussi moi aussi à pêcher. Mon père nous montre un petit sac d’où il retire trois petits hippocampes. C’est dégoûtant ces drôles de bêtes ! »
« Ma tante est une femme intelligente et gentille. Elle n’a pas du tout le temps de s’occuper de moi. Elle a eu beaucoup d’enfants, six ou sept très rapprochés, aussi a-t-elle eu beaucoup de travail.
C’est une bonne mère. Ses enfants sont tous heureux et ils en gardent tous le reflet. Le matin je prends un café sans plus.»
Pour effectuer le voyage et sa différenciation notre amie doit intégrer les sexes psychiques. La lignée féminine, Yin est représentée par les tubercules ou les fruits de la terre : les pommes de terre. Le masculin ou lignée Yang est représentée par les carottes. Elles sont longitudinales et se dirigent vers le soleil comme de petits arbres.
Leur forme est phallique tandis que la pomme de terre ronde représente plus le féminin. En effet, est-ce la tante ou son esprit, puisqu’elle n’est plus de ce monde, qui induit la différenciation ? Les hippocampes mâles ont la réputation d’élever les enfants. Dans cette espèce se sont les mâles qui protègent et élèvent les petits.
«Après la mort de ma mère, c’est bien notre père qui a maintenant le bateau et aussi une façade vis-à-vis de l’extérieur : il fallait que l’on ait l’air d’enfants normaux, non privés de notre mère tant au plan physique que moral.Aussi, pour lui, l’essentiel était notre éducation : nous devions avoir l’apparence d’enfants bien tenus. Mais c’était à nous d’effectuer le travail et surtout pas à lui !Il ne nous lavait pas, il ne repassait pas notre linge, etc. »
En fait, le père s’est souvent fait assumer par sa fille… et les siens. Le café évoque l’œuvre du Noir, le “petit noir” du matin qu’elle prend en compagnie de son chat favori avant de se rendre au travail. Elle a en fait une vie de grisaille sans joie ni plaisir. La solitude est sans couleur. Il lui faudra bien assimiler la différenciation des sexes et les phénomènes d’inversion. Ils l’ont amenée, en raison du passé familial à prendre une identification masculine puisqu’elle constitue en ce monde une autorité indiscutable. Sa vie privée par contre a été réduite à fort peu : c’est le prix à payer pour ces “fortes femmes”. Qu’importent les bagages et le passé !
S’il faut changer de train et de façon de penser, l’important c’est de trouver le poisson, ce vecteur de la vie profonde, signe de ralliement des premiers chrétiens en l’honneur d’Ichtyos le « Dieu » Poisson, elle a toujours connu et vénéré. Sa vie intérieure est réelle, riche, aussi les esprits de la famille s’amusent : qu’importe le sexe apparent et les jeux d’enfants. Nous avons tous à aller ailleurs prendre une autre direction, à abandonner nos enveloppes charnelles animales pour nous rendre où l’aventure cosmique nous appelle impérieusement !
Son père est parti en avion, par la pensée donc et non à pied. Il n’a pu évoluer et sa mort prochaine est indiquée, puisqu’il s’est replié sur ses enfants et la famille.
Par contre la rêveuse n’a pas eu à connaître ces développements familiaux ni le rôle d’éleveur à assumer. Cela est sans importance : l’essentiel est d’aller à la pêche aux poissons car ils ont leur poids, ils sont les messagers précieux de notre inconscient.