Denise vient se confier depuis un an, deux peut-être, à son gré, une fois par mois. C’est une grande fille solide, totalement introvertie. Elle a subi à de nombreuses reprises le viol dans son enfance vivant dans une ferme subissant les pulsions sauvages d’un valet. Ses parents avaient alors refusé de l’entendre car un valet ne se retrouve pas aisément…. Ce qui explique son retrait des choses du monde sa solitude et sa difficulté majeure à engager une relation. Cette « Catherinette » s’occupe d’enfants psychotiques dans un milieu psychiatrique. Elle souffre beaucoup de l’absence de communication avec les psychiatres, de leur absence d’écoute des jeunes et des moins jeunes qu’elle qualifie d’un univers ubuesque et kafkaïen.
Elle évoque de cet entretien trois rêves, tous plus intéressants les uns que les autres car ils annoncent un nouveau développement.
Rêve n°1 :
« Dans un supermarché un jeu vient de se dérouler, les participants récupèrent leur lot.
Au milieu des différents prix se trouve un chiot que personne ne réclame, je demande à un responsable du magasin : quel est son sort ? Il va le chercher et me le donne ! »
Par la méthode d’amplification et d’association de Jung, le chiot évoque la fidélité, l’affection, le sens du sacrifice.
« J’ai eu un chien dans mon enfance, il y avait entre nous une grande complicité, il me tenait chaud et il n’a jamais rien « cafté » (rapporté) à ma mère….. »
« Le chien représente aussi l’animalité qui se réveille en vous, cette petite boule bien chaude de poils qui lèche, tient compagnie. En fait c’est beaucoup plus que cela : le chien a un odorat très puissant qui permet de s’orienter dans la nuit. C’est le guide qui permet de sortir du labyrinthe, de cette caverne profonde où règne la nuit, c’est la boussole bien vivante qui permet une issue, une fonction mentale capitale. Acceptez que votre animalité renaisse ! »
Rêve n°2 :
« Je fais partie d’un groupe qui suit une formation. Chaque jour nous allons travailler dans un immeuble de verre et d’acier. Tous les immeubles sont identiques mais nous devons changer tous les jours »
« C’est un rêve très négatif, à la limite du milieu carcéral, tous les immeubles sont les mêmes, aucune identité, tous les gens sont des numéros de matricule. C’est exactement ce qui se passe dans les instituts psychiatriques, dans les I.M.P. Comment résister à cela. »
« Cela évoque une société schizophrène, en rejet complet de l’animalité, édifiée dans le mental, un monde déshumanisé qui entraîne mille souffrances et transforme l’homme en un fétu de paille, que des flots en furie auront vite fait de noyer.
Seul le chien, ce contact chaud, avec votre animalité ni la chaleur de l’affection, ni la tendresse, la complicité même dans une vie difficile de labeur, alors la vie est semblable à un désert. »
Rêve n°3 :
« Les camions arrivent pour décharger du grain, soit dans les silos, soit dans de grands hangars, je m’occupe de gérer les entrées de ces céréales et ensuite de les distribuer à des personnes dans le besoin. »
« Voilà le versant humain, c’est la note positive après le négatif. C’est ce que vous vous efforcez de faire puisqu’on vous a très peu donné. Vous vous efforcez d’inverser les choses avec vos enfants dans les limites de vos possibilités mais il faut vous ressourcer vous-même.
Ces camions, ce sont des gros transports, eh bien ils évoquent l’orgasme qui apporte un ensemble de potentialités, une grande énergie ce qui permet de redistribuer à toutes les personnes dans le besoin sa joie de vivre qui naît du plaisir.
Sans cette joie, sans ce plaisir on va travailler avec des humeurs, une mine triste, grise, on reste perméable à la négativité du milieu. Votre rêve m’autorise à vous le dire. »
Denise devait d’abord sourire puis rire franchement : elle avait perdu toute la rigidité et tout le sérieux qu’on lui connaissait jusque là, nous étions donc à un tournant dans son évolution.
Le chien évoque le chemin de l’unité de l’homme uni c’est-à-dire l’idéal d’un couple réussi ou la communication inclus l’apogée de la relation à tous les niveaux.
1 Fétu, foetus