Josiane, une doctoresse très compétente et saturé de travail parvient au milieu de sa vie sans avoir pu réaliser un couple. Un seul rêve suffit à lui expliquer pourquoi.
Rêve du 23 septembre 1993
« Nous arrivons en famille en fin de journée dans une vieille ferme. Adolescente, j’explore en premier, mais alors que la lumière du jour est encore agréable dehors, je prends un premier couloir étroit pour aller à la cuisine dont les volets sont clos. Je ne trouve pas le bouton électrique censé se trouver près de l’entrée. Je sors à nouveau et je demande à mon plus jeune frère de venir m’allumer la lumière dans la cuisine. Il entre avec une torche électrique. Le faisceau tombe sur un gros insecte ventru, accroché aux chambranles de la porte. Je lui demande son nom et comme d’autres insectes tombent dans mes cheveux, je ressors en courant et vais les secouer dehors. L’un d’eux tombe dans mon cou, je m’en débarrasse au plus vite. Plus tard, je retourne dans la cuisine maintenant éclairée et j’aperçois une énorme sauterelle de dix centimètres sur le rebord de la fenêtre. Je retourne dans la pièce où bavarde ma famille et leur demande si une sauterelle de dix centimètres s’appelle encore une sauterelle ! »
Le rêve tente de lui expliquer les causes de sa situation. Josiane a vécu enlisée exclusivement dans l’univers familial, sans la possibilité d’y voir clair, c’est-à-dire d’en prendre conscience. La cuisine, lieu des transformations, avait des volets clos. Il n’y avait donc pas d’ouverture possible à l’extérieur de la famille.
Son jeune masculin est en éveil. Il lui montre l’énorme attachement affectif qui la lie à ses frères et à son père.
Il lui faut épurer ses pensées, quitter ce lien affectif envahissant pour une ouverture à l’extérieur, afin de parvenir au désir d’affinité avec un homme qui ne soit pas identique à son père ou à ses frères, “ou qui me ressemble profondément !”
« Il faut “sauter en dehors d’elle”, c’est-à-dire hors du cercle d’attraction de la famille, avoir des relations en dehors de ce lieu trop agréable, ouvrir les volets, c’est-à-dire avoir des ouvertures sur le monde, aller vers un maximum de différence et aussi de différenciation. »
La situation psychique de Josiane était bloquée, l’évolution exclue, malgré toutes les thérapies effectuées, car comme on le rencontre fréquemment dans le monde médical, elle s’est “tuée” au travail ; bon moyen pour demeurer toujours liée à ses parents. Nous devons tous nous méfier de la recherche du semblable dans nos relations amoureuses.
Les rêves suivants confirment cette façon de voir :
« Dans une maison je partageais le même lit de mon plus jeune frère, et lui réclamais des caresses buccales sur mes seins… »
La situation incestueuse était déjà présente dans « les insectes qui tombent sur les cheveux » : l’attache affective à son frère.
« Un grand nuage de poussière descend du toit, j’ai juste le temps d’aller me retourner contre un mur. Dans la rue je suis accompagnée de deux amis, un jeune homme rencontré à la faculté qui m’attire, mais il se dit amoureux d’une jeune amie dont il me parle, l’autre m’est connu depuis dix ans, mais il ne m’inspire aucun sentiment. »
Ces situations peuvent pourrir une vie sentimentale et laisser un profond sentiment d’incomplétude et de vie ratée ; c’est pourquoi un grand nombre de femmes s’adressent alors à des thérapeutes subterfuges, la liste en est longue, car dans ce domaine la compétence et l’efficacité sont l’exception. Un rêve le lui souligne.
« J’allais dans un espace culturel écouler une conférence du Dalaï Lama, mais au lieu de la grande salle attendue on pénètre dans une petite salle de prière. On nous demande alors de changer de pièce. Je réalise que je n’avais pas sur moi le billet d’entrée que j’avais acheté, je n’ai pas le temps pour aller le rechercher chez moi, etc. »
La rêveuse se retrouve dans une pièce de prière et non dans un amphithéâtre, tout le monde médite, ce qui n’avance pas à grand-chose. Le commentaire de Josiane est à souligner, car il est plein de perspicacité :
« On n’achète pas un billet pour son évolution, ainsi va-t-on de subterfuge en subterfuge ! »
Chacun doit lui-même se prendre en charge, éviter la myriade des sirènes aux apparences chamarrées.
La psychanalyse n’est pas une mondanité, à fin culturelle mais une véritable quête spirituelle à laquelle on doit se préparer.