Avant propos du livre « Urgence chamane en péril »*
Ma méthode de travail
Nous vivons et dormons immergés dans un océan d'énergies vibratoires. Elles nous donnent une multitude d’informations, d’incitations et de messages olfactifs, auditifs, visuels, tactiles, liés aux diverses formes d’énergies qui alimentent notre cerveau.
L’énergie peut être définie comme la somme de ces différents facteurs auxquels s'ajoutent les éléments temps, mouvement, résonance et d’autres causes auxquelles nous songeons fort peu : telluriques, climatiques, éoliennes, cosmiques, métaboliques, mécaniques, et religieuses.
Toutes les variations de cet océan énergétique génèrent des « vagues » de puissances variables allant de la houle à la tempête. C’est à travers cette réalité souvent très dangereuse que chacun de nous doit tracer sa route vers sa destinée.
Il faut également prendre en considération les deux cent familles de cellules de notre corps, elles-mêmes constituées par l'association unitaire des mondes bactériens viraux, mycéliens lesquels sont à l’origine de l’océan d’énergie qui habite et anime notre corps.
Cette mer d’énergie varie d’un être à un autre, ce qui explique pourquoi un même rêve peut prendre une signification tout à fait différente pour les différents sujets qui le reçoivent. Les références et la manière de penser et de ressentir d’un chrétien catholique diffèrent radicalement de celle d’un musulman, d’un protestant ou d’un chrétien orthodoxe. C’est dire combien l’interprétation des rêves est délicate et relative. En fait seul le sujet concerné est à même de décrypter le message véhiculé par son rêve. L'analyste à travers le transfert et ses interprétations est à même de l’éclairer et de l'encourager à poursuivre sa démarche.
C’est dire combien sa disponibilité et sa réceptivité doivent être grandes.
L’analyste doit assurer une écoute et une empathie intense à l’origine d’une être spécial de réceptivité lui permettant de percevoir, les contradictions, les paradoxes comme les lapsus du discours de l’analysant tout en se referant rigoureusement et constamment à l’histoire individuelle spécifique du sujet.
La profonde empathie témoignée par l’analyste est un gage de neutralité d'autant plus bienveillante qu’elle est indemne de toute complicité, et de toute commisération.
Le rêve fait ressurgir tout un monde extrêmement gênant de refoulement, trop brûlant pour envahir directement le champ de conscience de l'analysant dont il peut se libérer grâce à la présence active de l’analyste (transfert, amplification, interprétation).
L’analyste s’efforce d’être une mémoire analytique du patient. Il est le garant de tout ce qui a été dit, révélé, observé. Cela permet au patient de se décharger progressivement de toutes les négativités (frustrations, humiliations, dénégations etc.…) accumulées et refoulées au cours de son existence. C’est un processus naturel de digestion psycho affective, une manière d’exorciser ou d’éteindre le feu qui le ronge. Cette confrontation humaine est libératrice et très particulière. Elle a des répercussions somatiques parfois surprenantes : myopie qui régresse, nodules thyroïdiens qui se résorbent, stabilisation momentanée d'une évolution tumorale...etc.…
Le mystère d’une relation analytique réussie est qu’elle entraîne un état de résonance positive entre l’analysant et l’analyste qui permet à ce dernier d’aider et de modifier le cap du devenir de son patient, afin d’éviter les déferlantes et les écueils, ce qu’il n’est pas en mesure de faire seul, afin de retrouver une direction plus sereine dans laquelle ses acquis positifs et sa créativité pourront s’épanouir.
Pour certains, le silence quasi permanent de l’analyste est un stimulant évolutif mais pour beaucoup d’autres cette attitude est source de frustration et d’infériorisation.
Le silence répété de l’analyste est une garantie de non remise en question et de non évolution au cours de la cure. Elle attire paradoxalement une clientèle importante et fidèle, certains sujets ont effectué 10 voire 20 ans sans grand résultat…
Il est essentiel de donner à l’affectivité une place prédominante
.
C’est au nom du désert relationnel dans lequel les personnes évoluent en permanence qu’ils demandent en priorité de l’aide. Comme toute démarche scientifique et humaine positive la psychanalyse se doit de rester évolutive et de ne pas se pétrifier sur la prédominance de certains acquis historiques. Une situation semblable a eu lieu dans le milieu artistique lorsque Maurice Denis a justifié les recherches de l’art moderne face aux dénégations des tenants de l'académisme qui pétrifiaient l'art.
Tout au moins en début d'analyse, et pour les patients qui ne supportent pas le silence de l'analyste, une autre méthode me semble nécessaire. Je précise : cette relation intersubjective sans hiérarchie ni opacité, vécue dans un contexte chaleureux, me paraît nécessaire à l'édification d'un transfert fécond, conditionné par la chaleur de l'intérêt et de la bienveillance de l'analyste, permettant d'alléger au plus vite certains fardeaux trop écrasants et asphyxiants. 3
Dans ce contexte, les apports de la médecine du corps, les conseils nutritionnels, énergétiques ou autres m'étaient fréquemment réclamés. Aussi curieux que cela puisse paraître au premier abord, ces gages apportés à la détresse initiale de l'analysant me permettaient d'être d'autant plus neutre et distant face aux pièges que me tendait son inconscient.
L'analysant détermine librement le rythme des séances, la positivité du travail analytique ne se mesurant qu'aux résultats. Dans un contexte de confiance étayé tant par les flash d'intuition de l'analyste que de l'analysant, la relation évolue du divan réclamé par certain au face à face visuel avec commentaires d'amplification des contenus oniriques éventuels.
Cette méthode est difficile, et responsabilisante pour l'analyste, très particulièrement inconfortable dans la mesure ou l'inconscient de l'analysant, porté par le transfert, lui permet de percevoir les failles ou les insuffisances de l'analyste.
C'est à partir de cette démarche que souvent l'analysant parvient à transgresser ses défenses. Autorisant l'analyste a être imparfait, il s'accorde à lui même le droit au pardon, du moins à la tolérance.
A mesure que l'analysant acquiert du pouvoir sur mon analyste, ses défenses diminuent et donnent aux interventions de l'analyste une efficacité accrue.
La mobilisation des affects est la clé des libérations psychologiques, à la condition que les entretiens se déroulent dans un climat de bienveillance et de confiance, donnant à l'écoute et à la parole de l'analyste un pouvoir décuplé.
Le retour analytique sur la passé est d'autant plus libérateur qu'il permet à l'analysant de se réconcilier avec lui même et sa famille. Cette démarche devient de plus en plus gratifiante et laisse place à l'humour et au rire qui naissent devant l'énormité des erreurs accumulées. Le sujet devient alors son propre guérisseur. Les rencontres analytiques sont alors vécues comme des événements rares et précieux induisant une spiritualité gratifiante par le fait même qu'elles restaurent la confiance en soi, en l'autre, en la vie.
On peut distinguer deux situations : dans le premier cas le transfert est majoritairement à la charge de l'analysant et l'analyste se contente d'assumer.
Le second cas constitue
une variation hérétique rarement affrontée :
c'est précisément la situation évoquée dans le cas particulier d'Alice.
En début d'analyse, l'analyste prend le risque au nom de ce qu'il perçoit inconsciemment : la nécessité d'assurer l'essentiel de la dynamique du transfert, avec l'espoir que le premier verrou de résistance ayant sauté, l'accouchement et le devenir jusqu' alors entravés débutent 4
et se poursuivent quasi naturellement ; le rôle de l'analyste n'étant que celui d'un catalyseur de réaction pour effectuer une analogie avec la chimie ou du rôle de l’obstétricien devant une grossesse à risque.
Le premier temps en chimie consiste à la fixation du substrat sur le catalyseur pour qu'une dynamique s'installe. Le fait d'avoir une situation semblable à celle d'un guide de montagne qui connaît déjà le chemin à effectuer. Sa maîtrise technique lui permet sans trop de danger de porter pour un temps la surcharge de son patient, tout en le guidant dans sa démarche ascensionnelle.
Alice, avant d'aboutir chez moi avait été rejetée par de nombreux confrères. Ils ne voulaient pas prendre le risque d'assumer l'inconfort et les risques de cette démarche. Or avec Alice, le texte du livre à venir le prouvera : le premier verrou étant levé, elle a pris à sa charge avec une énergie et une jubilation très émouvantes son propre destin.
* Urgence Chamane en péril : livre à paraître