Souvenirs de l’école d’infirmières
Mireille est une petite femme trapue, infirmière ayant exercée de grandes responsabilités tant à l’hôpital qu’à l’école d’infirmières. Elle se caractérise par un gros bon sens campagnard bien qu’elle soit raffinée et cultivée.
Rêve du 09/06 :
« Le grand amphithéâtre de l'école d'infirmières est plein, on y trouve Madame Coït, la directrice et mes anciennes collègues. Quel est l'objet de l'Assemblée ? Je l'ignore. Je discute surtout avec Marilyne une aînée que j'ai plaisir à retrouver. Nous n'écoutons pas ce qui se passe. A un moment donné les moniteurs et d'autres participants tournent dans une grande pièce autour d'une sorte de grand étalage qui occupe quasiment toute la pièce excepté le couloir de circulation tout autour. J'en vois certains qui chapardent de petits objets, moi y compris mais un surveillant dans un réduit les voit et demande que les objets soient rendus. Ce sont de petites miniatures. Je jette-le mien en passant devant un débarras.
Puis nous devons sortir mais hélas je ne trouve pas mes chaussures ! Celles que je trouve ne me vont pas !
Je reste là dernière Madame Coït, la directrice, avec une ou deux autres personnes au fond de la pièce, elles me sourient, aimables, me proposent un verre de champagne.
Moi je cherche toujours mes chaussures !
Je finis après un certain temps d'inquiétude par les retrouver. Pendant ce temps d'autres personnes sont arrivées, elles ont bu du champagne, il n'en reste plus pour moi.
J'apprends de la direction avec Marilyne que Madame Coït a adopté un troisième enfant. Je suis interloquée, elle a bientôt la soixantaine. Elle a déjà deux garçons dont un de plus de 20 ans, elle est veuve depuis plusieurs années, pourquoi-t-on accepté cette charge ? Est-ce pour obtenir une retraite proportionnelle avec trois enfants ? J'apprends aussi que ce sont ses fils et sa famille qui s'occupent du 3ème enfant. Elle sort de la pièce, elle présente une claudication, sa jambe droite semble beaucoup plus longue, elle la traîne nettement...
Tout le monde va sortir, ça bouchonne d'ailleurs. Sur la gauche du hall d'accueil il y a sur la table une quantité de petits fours, de friandises dressés sur des présentoirs. C'est magnifique, tout les gens se servent, moi aussi je crois bien... »
« Grand amphi, assemblée, synonyme d'un grand rassemblement, d'une masse où l'individu ne peut s'affirmer, être lui-même. L'objet de ces grandes réunions grises, figées est souvent de régler des conflits de personnes qui ne se règlent jamais. Voilà énormément d'énergie dépensée en vain ! La plupart du temps ça se passe ainsi détournant l'individu de sa vie professionnelle et de ses préoccupations majeures. J'ai bien failli perdre mon âme dans ces "réunionites" du lundi matin. Au centre de la salle se trouve la grande table de déballage de toutes les saloperies que les uns et les autres se balancent dans le plus grand irrespect !
Chacun essayant de tirer à soi quelques profits en chapardant, je pense que leur frustration doit être immense.
Un flic veille à ce que personne ne retire satisfaction de rien. Non, ces grandes réunions sont des lieux d'oralité où l'on parle souvent pour ne rien dire, où l'on empêche les gens de s’exprimer en se gavant de petits fours de champagne avec du sucre autour de cette grande directrice au non fort sympathique.
Elle avait plus de talent pour ce type de mondanité que pour diriger une équipe chargée de la formation. Tout le monde finissait plus ou moins par se servir du matériel de vidéo, audio entre autres et se moquait totalement des étudiants.
J’ai failli y perdre mon âme, c'est-à-dire une stabilité, mes deux pieds bien posés sur terre et bien chaussés.
La réalité est tellement dure, parfois tellement écœurante. L’insatisfaction est telle qu'on a envie de décoller donc de n'avoir plus les pieds sur terre.
Heureusement, j’ai retrouvé mes chaussures ! En partant de ce lieu, Marilyne a peut-être été la seule personne positive, respectueuse envers moi. Elle a pourtant elle aussi subi sarcasmes, humiliations. Elle a décompensé dans de vieux problèmes névrotiques... Aujourd'hui elle en a tellement bavé je la vois s'en sortir après la soixantaine. »
Quant à la directrice "culottée", elle a endossé le rôle du flic pervertisseur. C’est une fille de général mariée sur le tard, son mari est mort d’un cancer du poumon, probablement asphyxié par cette matrone en mal de virilité ! Elle est aussi maire de sa commune et occupe d’autres fonctions honorifiques. Son second, un ancien notaire devenu intendant et trésorier retire tous les profits possibles. Quelle mascarade !
« Son mari était alcoolique, pouvez-vous me le décrire ? »
« Puisque vous me le faites préciser, elle personnifie la "matriarche" qui a donné une nichée à la société en usurpant le pouvoir phallique. C'est bien pour ça qu'elle porte parfaitement son nom, elle a glorifié ses « couilles ». Elle s'est targuée d'éducation alors qu'elle a confié celle de ses fils à ses parents et qu'elle se moque totalement du troisième !
N'empêche qu'elle n'a pas réglé elle non plus son identification œdipienne. Elle a toujours refoulé sa féminité, esclave soumise d’un animus pervers en hypertrophie mégalomaniaque. Sa sexualité est totalement desséchée. Elle traîne la jambe, marche de travers, ce qui est aussi vrai dans la vie. Elle ne présente pas de claudication mais une gibbosité importante. La guenon a beau se cacher derrière un masque on la décèle vite !
« S’il y a aussi une facette de moi-même comme je suppose dans ce tableau, j'espère être en train de m'améliorer, d’évoluer».
En écoutant Mireille, les images mentales défilaient les unes après les autres, le chahut des étudiants, des étudiantes, demeurés dans la masse, soumis à des enseignants semblables, traitant avec un humour vengeur au moyen de sobriquets, de surnoms. La guenon à couilles dont la gibbosité et la claudication font sourire Plusieurs centaines d'étudiants ont ainsi été sacrifiés pendant quelques décades sur l'hôtel de la culpabilité, cette situation a pris des aspects sociologiques majeurs. »