Un éducateur spécialisé, fort brave homme, a eu une existence difficile parce que la lignée des femmes dans sa famille était fort négative, castrante, vécues comme des tueuses.
Dans un rêve précédent on assiste au départ de la grand-mère ogresse, une matrone redoutable. Elle lui a fait le joyeux cadeau de ne pouvoir rencontrer jusqu’à présent que des amazones perverses. La vie de Walter est semblable à la course de ceux qui effectuent une compétition le visage caché dans un sac au cours de certaines festivités publiques. Il s’est décidé à aller à la recherche de lui-même mais sa vie a été jusqu’à présent très difficile malgré toutes ses bonnes intentions.
Rêve n° 1
«Je suis dans la rue, tout le monde est en fête, je vais à la rencontre de gens. Je leur montre par des gestes de joie lorsque je passe devant eux puis je m’éloigne de la foule.
Alors un des trois hommes ne suit, je le sens menaçant : il menace de me sodomiser, il me montre sa force, j’ai peur de ne pouvoir m’en sortir et je me réveille ! »
Malgré plusieurs années de psychothérapie, notre visiteur n’a pas compris qu’il s’était fait sodomiser depuis fort longtemps par l’animus de sa mère, de la grand-mère et de toutes les femmes avec lesquelles il a eu relation jusqu’à présent. Toute se passe comme si la programmation initiale inversée de la relation ne peut être éliminée, un fâcheux logiciel plus fréquent qu’on ne le pense.
Le contraste dionysiaque avec la fête collective se termine sur une histoire de fort mauvais goût, ce sont les deux aspects de la condition humaine, du moins une certaine réalité.
Rêve n° 2 :
« Je suis au bord de la mer, en vacances, il y a du vent et j’ai l’impression qu’il va y avoir un coup de chien, ce qui j’exprime à plusieurs personnes. »
Mes sœurs m’ont dépouillé des bijoux de famille à la mort de ma mère[1], c’est alors que ma compagne me dit : « Voilà quelqu’un pour toi ». Je ne le vois pas d’abord puis je l’aperçois : il arrive avec son loup.
C’est un garçon que j’ai connu l’année précédente. Nous avons été très proche l’un de l’autre. J’avance pour lui tendre la main mais je me rappelle qu’avec son loup il faut toujours que ce soit lui qui vienne le premier. J’attends et il attache son animal. Alors une grande allégresse me vient au cœur et nous commençons à échanger nos nouvelles. Il me demande comment ça va, je lui réponds que je suis seul. Il est très étonné. Je lui dis : les femmes c’est plus comme avant… et je me réveille.
« Je pense au frère que j’aurais dû avoir. Ma mère a avorté d’un fils de mon père après ma naissance. C’est une libération d’un poids encombrant, je me sens soulagé qu’il soit venu me rendre visite en rêve, ce frère que je n’ai jamais connu. Les émotions que cela a fait naître en moi ont été extrêmement vives.
Je pense aussi que ce garçon au loup pourrait représenter chacun de mes fils.
Je pense également à moi, à ma solitude car je suis un vieux solitaire, et à toutes les personnes que j’ai en charge, peut-être aussi à cette partie sauvage de moi qu’il ne faut apprivoiser. Elle fait ma force et ma faiblesse mais aussi mes difficultés de vivre en société. »
Rêve n° 3
« Je vais au travail, je suis à une bouche de métro, il y a beaucoup de monde. Je suis à l’entrée avec les autres lorsqu’un homme assez fort veut absolument passer devant tout le monde et nous bouscule. Je râle. Il finit par se retrouver sur la rue. J’apprends que deux jeunes gens ont jeté des grenades lacrymogènes. C’est un camarade de l’un d’entre eux qui nous le dit. Je vois qu’il y a eu des travaux pour effectue un passage, comme une galerie. En avançant profondément je m’aperçois que le passage est beaucoup trop petit, en plus j’ai un pardessus et à cet endroit il y avait une porte d’ascenseur mais il est en construction. Il me faut donc retourner à l’air libre mais une autre personne essaie de passer. Je vois les conséquences sur le plan du travail : il me faut ressortir.
Je suis alors en voiture et je passe dans un village. Je suis face à l’homme caché derrière un véhicule. Le village est moderne avec des lampadaires. Je m’arrête à la sortie, il y a un barnum-circus avec une exposition de diverses choses (bateaux miniatures, objets divers, décorations assez chics). A un moment quelqu’un déplace le barnum de quelques mètres. »
Par son métier d’éducateur spécialisé, Walter est confronté chaque jour à un milieu d’une extrême violence. Il a réussi jusqu’à présent grâce à sa bienveillance et à sa bonhomie à y survivre mais sans cesse agressé par tous les loups que chacun porte en soi, car dans ce beau monde les passages à l’acte sont fréquents.
Cet homme sincèrement bon. Il y a plus de vingt années que je suis son sillage, il s’est toujours efforcé avec bon cœur de faire face à une réalité bien souvent désespérante. Son ancienne épouse, fort belle, était d’une rare perversité. Il l’a aimé pourrait-on dire à la folie et toute cette ombre accumulée peut faire certes naître un loup ou évoquer son sadisme et sa perversion.
Walter est en fait en recherche de l’ambiance idéo-affective qui a tissé la trame de son enfance, un logiciel détestable pourrait-on dire pour emprunter le langage des informaticiens. Par identification au milieu, on incorpore en soi ces formes néfastes, nuisibles ou négatives qui nous agressent. Il faut ensuite effectuer un grand travail sur soi-même, un effort soutenu pour s’extraire du labyrinthe que représente au plan symbolique cette régression perpétuelle au sein d’une matrice non conforme à sa destinée.
Il faut écouter son cœur, s’extraire de l’ombre, aller vers la Lumière de la vie et ne point se laisser détourner par toutes les formes sophistiquées, les miroirs aux alouettes. Il suffit de peu de choses : pour s’extraire de ces chemins d’erreurs : on ne trouve l’apaisement que dans un couple réussi qui communique à tous les étages de l’être formant une unité. De deux on ne fait plus qu’un protégé par un cercle d’alliance magique que nous décrit l’histoire du prince Rama et de Sita son épouse : une allégorie trop peu connue en Occident de l’homme uni.
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[1] Ce qui est aussi un rappel de la réalité.