Josiane a vécu un divorce douloureux. « Mon mari, un médecin pervers et sadique, par des subterfuges juridiques, m’a dérobé mes enfants. » Elle a toujours vécu dans la frigidité, la culpabilité. Un rêve datant de ses 20 ans le confirme :
« Je voyais un chien noir cocker aux longues oreilles pendantes, aux yeux suppliants qui me regardaient. Je le frappais pour le faire partir mais il voulait rester, il saignait sur le visage. Il se transformait ensuite en un serpent noir et rouge, visqueux, il saignait. »
« Je voulais absolument qu’il parte. Or, il avait des yeux semblables à ceux d’un être humain. Il pleurait, il avait mal et du sang partout. Peut-être étais-je trop méchante avec cet animal ? »
Josiane, très intellectuelle, au moment de ses premières tentatives sexuelles, vivait totalement repliée sur elle-même dans un conflit majeur avec son animalité. Elle fit la rencontre de son futur mari sur une plage. Elle devait vivre le rejet très agressif de son animalité pendant quinze années de ce couple qui a explosé en la laissant blessée d’avoir mal partout, privée de ses enfants. Le rêve était donc essentiel mais il ne fut pas interprété.
Rêve n° 2
« Je cherche une maison pour y habiter, je visite des maisons. La première comporte plusieurs appartements. Le rez-de-chaussée a été visité, saccagé. les portes sont enfoncées. C’est un hôtel où le mobilier est en désordre. Au deuxième étage, tout est simple, très carré, un peu froid, mais cela me convient. Il y a trois chambres, un grand couloir, un peu comme dans un hôtel, y a t-il encore une cuisine ? cela ne m’intéresse pas.
Dans le même rêve, je visite une autre maison plus ancienne, perdue dans la végétation, qui n’a pas été ouverte depuis longtemps. Elle est plus cossue, semble avoir été habitée par des personnes âgées car le mobilier y est très ancien. Il y a des tentures très lourdes, tissées, un lit dans la cuisine sous l’alcôve. Le sol est dallé, les fenêtres sont entourées d’immenses rideaux excessifs, lourds, épais, très haut. Les fenêtres n’ont pas été ouvertes depuis très longtemps et la végétation de la vigne vierge rougeoyante passe à travers les interstices entre dans la maison en guirlande qui tombent jusqu’au sol, c’est très beau. Les portes aussi sont entourées de tentures. J’aime cette ambiance tissu qui me rassure. »
« Peut-être cela me rappelle un couple de personnes âgées chez lesquelles j’ai longtemps travaillé à l’âge de 16 ans qui a beaucoup influencé ma conduite de vie. Je faisais le ménage chez eux et je brassais leurs couvertures et leurs tapis pour maintenir propre leur cocon de vie bourgeoise. »
Josiane effectue la visite d’elle-même, de son passé où le rez-de-chaussée, évocateur de la partie de son corps située sous le diaphragme, a été visitée et saccagée, les portes enfoncées et le mobilier en désordre. Aussi se complait-t-elle dans un monde relationnel, très carré, très froid, cela lui convient.
Mais, il lui faut évoluer, aller vers la trilogie, les trois chambres, la relation père-mère-enfant.
« Cela ne m’intéresse pas, du moins pas encore. »
« La végétation, c’est-à-dire le stade végétatif envahit sa demeure calfeutrée, sans ouvertures, sans aération. Elle n’y a aucune relation avec l’extérieur, vit en vase clos et se complait dans cette situation de repli. »
« Ce sont des lits de vieux ils ne m’inspirent pas, mais je m’y sens bien.»
Rêve n°3
« Je suis seule le matin en voyage. Je m’arrête dans un café pour prendre mon petit déjeuner, repas indispensable pour commencer une journée. J’entre dans un premier café très rétro, froid, une seule table est occupée par quelques hommes qui se retournent pour me regarder. Je demande au bar à la serveuse si je peux prendre un petit déjeuner. Elle me répond froidement : “On ne sert pas de petit déjeuner”.
Pourtant, il y a dans un coin de la pièce une table avec un couvert dressé, une table en bois très rustique qui ne m’est pas destinée.
La serveuse me conseille de m’adresser au café situé plus loin dans une autre rue. Je vais à cet endroit. J’entre dans une salle comble, remplie de fumée, bruyante, toutes les tables sont occupées par des groupes d’hommes plutôt jeunes. On me fait cependant une petite place au bout d’une table. Je commande enfin mon petit déjeuner tant attendu. »
Le rêve résume ses pérégrinations, sa solitude, son voyage intérieur qui ne fait que débuter. Il lui faut bien aller vers l’échange, se restaurer.
Elle se sent rejetée partout, il n’y a pas de place pour elle, assure-t-elle ; on ne lui a pas appris l’univers relationnel, mais finalement, elle se contentera d’un strapontin ce qui annonce néanmoins une évolution positive après une régression nécessaire dans un passé douloureux pour intégrer les raisons profondes de ses mésaventures.