Par le passé, on s’écartait, non sans angoisse, au bruit de la cloche des lépreux que l’on parquait dans les Pays de Loire, sur les îles du fleuve, les surveillant depuis les échauguettes des rives afin de s’en préserver. On abattait les enragés comme on fuyait les villages et les cités envahis par la peste. Quels que soient les noms scientifiques actuels de ce qui fut la peste du peste ou du paysan au XIVème siècle, il ne faut pas oublier que ce fléau si décrié, aujourd’hui si combattu, dont l’homme croit naïvement s’être débarrassé grâce à l’usage des antibiotiques, n’est ni mort ni disparu ! Il oublie qu’il a lui-même induit ce genre d’événement et qu’il a participé, sans le savoir, à la rénovation du germe pathogène sous des formes beaucoup plus virulentes encore, aussi il est à craindre une épidémie plus meurtrière encore qu’elle ne le fut par le passé.
On a pu lire dans les revues scientifiques récentes que des chercheurs ont découvert que le germe du typhus était très riche et particulièrement intéressant à décomposer.
Cette bactérie doit son nom scientifique à deux chercheurs Ricketts et Prowazek. Deux chercheurs qui contractèrent le typhus au début du siècle alors qu’ils étaient en train de l’étudier. Charles Nicolle, un Français, a reçu le prix Nobel de médecine en 1928 pour avoir découvert l’agent transmetteur de la maladie : les poux qui prolifèrent sur les sujets qui manquent d’hygiène et vivent dans des milieux sales. Ce n’est que vers le milieu du XIXème siècle que le typhus a été distingué de la fièvre typhoïde. Il a frappé près de 30 millions d’habitants en Europe de l’Est et en Russie, entre 1918 et 1922, faisant entre 3 et 5 millions de morts.
"L'univers bactériel" de Lynn MARGULIZ et DORION.
L'équipe dirigée par Charles Kurland, du département de biologie moléculaire de l'université d'Uppsala (Suède), a travaillé à partir d'un germe issu d'un sujet mort en 1941, à Madrid, d'une épidémie de typhus. Le patrimoine génétique de cette bactérie a la particularité de contenir une forte proportion de matériel génétique inactif, la plus forte jusque-là observée parmi les agents microbiens, soulignent ces chercheurs dans la revue britannique Nature (novembre 1998). "Cette bactérie et les germes apparentés représentent une des grandes ironies de la biologie", commente Michaël W. Gray, le spécialiste canadien de l'évolution qui poursuit "d'un côté, les ancêtres de cette bactérie sont à l'origine de quelques-uns des plus grands fléaux qui ont affligé la race humaine, de l'autre, un de ses ancêtres a contribué à l'émergence des cellules des organismes évolués (eucaryotes) en participant à la fabrication des ces petites usines à énergie des cellules appelées mitochondries.
La bactérie entre dans la constitution de nos cellules
Contrairement à ce que l'on pense, la bactérie n'est pas un parasite obligé de la cellule, mais rentre dans la constitution même de nos cellules, notamment des mitochondries.
De nombreux travaux ont clairement démontré qu'outre les mitochondries l'appareil de Golgi et les microtubules de la cellule des métazoaires étaient constitués par des colonies bactériennes. Prendre des antibiotiques au-delà de cinq jours n'est nullement anodin…
Certes, cela peut surprendre parce que vous commencez à entrevoir qu'il n'est pas possible de faire disparaître un germe, donc une maladie, sans faire totalement disparaître l'homme lui-même ! C'est-à-dire que la maladie rentre dans la constitution de nos cellules.
L'ensemble des bactéries et des virus du monde animal entre dans nos structures cellulaires. Si nous savons bien l'étudier, nous pouvons comprendre son mécanisme et éviter des déviances funestes, donc les utiliser en les nourrissant convenablement. 2
Or, depuis quelques décennies, la médecine moderne s'est engouffrée dans la brèche ouverte par Fleming et le monde médical a conclu qu'il fallait combattre la maladie infectieuse par une médication puissante et fulgurante. Si elle est nécessaire pour détruire des germes, elle doit être appropriée et utilisée avec un dosage réduit dans un laps de temps très court pour ne pas devenir iatrogène mais aussi pour être efficace.
Sir Alexander Fleming (prix Nobel de médecine en 1945). Ce bactériologiste anglais a découvert la pénicilline et ses propriétés bactéricides, notamment envers le streptocoque, entre 1927 et 1927. Ses travaux ont été repris par Chain et Florey en 1939, ils réussirent à isoler chimiquement la pénicilline et à en effectuer l’étude pharmacologique et clinique. La production industrielle de cet antibiotique n’a pas cessé depuis de se développer et ses nombreuses applications pratiques ont créé une véritable industrie.
Dans certaines villes d'Asie, et notamment à Hong-Kong, une épidémie très particulière s'est développée, la grippe de la volaille. Nous en avons aussitôt été informé par la télévision et nous avons pu admirer l'efficacité de notre système médical mondial qui a réussi à contrôler en quelques semaines ce foyer très particulier d'infection en faisant abattre quelques millions de volatiles.
L'honnête homme est en droit de se demander : "Est-ce que cela est bien terminé ?" Je peux vous dire que nous n'avons strictement rien fait à part cet abattage massif !
Nous sommes dans un cercle infini de questions déterminées par la mutation d'un germe. Certes c'est un reflet que je vous donne, mais c'est une image tout à fait réelle de la situation. Cette épidémie se poursuit d'une façon souterraine et elle se réveillera un jour sous une autre forme. Evidemment, on ne parlera plus de la grippe de la volaille, ou de ceci ou de cela, les journalistes parleront d'une épidémie de grippe bovine ou ovine ou, si l'on a donné à manger un peu trop de farine avariée aux poissons, d'une certaine grippe des poissons.
L'épidémie va se régénérer et prendre une autre forme parce que, dans la nature, rien ne se perd, rien ne se crée, tout simplement la bactérie va muter.
Comment ? Elle va tout simplement muter au contact des antibiotiques !
Les gens qui ont mangé ces volatiles ont ingéré les germes qui ont infecté leur tube digestif et ils ont ensuite déféqué. Ils ont pris des antibiotiques, sur les conseils de leur médecin. Prendre des antibiotiques n'est nullement anodin : l'antibiothérapie va faire muter ce virus, comme tous les autres germes, et cette agression grippale va se retrouver dans les déjections sous une autre forme cachée parce que nous nous sommes arrêtés à ce type de germe et non pas à l'ensemble des germes. Où vont aller les matières fécales ?
Elles vont aller soit dans la terre comme engrais, soit dans les égouts et les systèmes d'épuration. Donc, la bactérie, agressée, va se transporter dans un lieu différent, un milieu différent et ensuite on va la remettre gentiment en liberté dans le monde végétal. Elle va donc se propager dans une nouvelle terre qui va nourrir les plantes semées. Et qui va ensuite manger les végétaux ? Nos poules, nos ovins, notre bétail. Qui vont-ils nourrir après ? N'est-ce pas l'homme ?
Et toutes ces eaux infectées, que deviendront-elles? Elles seront putréfiées par le chlore ou diverses méthodes, suivant les systèmes adoptés. Ainsi les eaux vont être ensuite rejetées dans le monde aquatique. Elles vont y transporter ces germes mutants et les poissons vont récupérer ces belles choses, les ingérer. C'est ainsi que le germe mutant va être transporté selon le gré des humeurs de notre civilisation et les aléas de cette chaîne biologique. On le verra renaître sous forme d'une nouvelle épidémie qu'on dénommera, suivant celui qui en fera la découverte, d'un nouveau nom de virus.
Vous comprenez donc pourquoi les virus des grippes, qui nous viennent d'Asie, changent en permanence, et que nos vaccinations sont toujours en retard d'une guerre, donc inopérantes mais non indemnes d'effets secondaires iatrogènes ! Ainsi vous comprenez les raisons du développement de ces épidémies résurgentes hivernales. 3
Vous penserez comme moi que l'Asie est un territoire très éloigné de notre Hexagone. Cela est vrai, cette terre est à l'opposé de l'Occident. Si le processus de diffusion exige vingt ou vingt-cinq ans, nous aurons tout le temps nécessaire pour ne plus être là, donc cela ne nous intéressera guère, acceptons-en le fait.
La tuberculose revient
De nouvelles formes fulgurantes de cette maladie due au bacille de Koch, non guérissables parce qu'il n'y a aucun traitement, apparaissent en ex URSS, où le manque d'hygiène, les carences alimentaires et l'alcoolisme vont bon train dans un sens qui n'est guère défensif. Deux millions et demi de personnes seraient contaminées. Ce n'est guère loin de nous l'ex-Union soviétique, à quelques journées de marche, mais savez-vous qu'une épidémie peut avancer de mille kilomètres par semaine ou effectuer des bonds de plusieurs milliers de kilomètres avec les avions qui y vont et en reviennent. Heureusement, notre système de sécurité sanitaire, qui a mis patiemment des postes de veille et d'observation à tous les coins du territoire, attend le premier signal avant de réagir. Cela aurait, bien sûr, tout lieu de nous rassurer, comme jadis la ligne Maginot. II y a quatre-vingt trois postes ou laboratoires qui s'emploient à étudier le développement de la grippe avec une informatique très sophistiquée.
Avons-nous des laboratoires suffisamment capables de préparer rapidement un vaccin, le cas échéant ? Vous savez comme moi que, pour la grippe, nous avons déjà un vaccin, même s'il n'est pas approprié, et il faut à nouveau trois mois pour en préparer un autre contre un virus mutant. Trois mois, c'est bien long ! Alors dans le cas d'une épidémie fulgurante, lorsque le vaccin approprié sera prêt, toutes les chances seront du côté de la progression lorsqu'on se réveillera après la tempête, l'épidémie sera passée !
Dans les maladies infectieuses, il en est comme pour les campagnes militaires, il vaut mieux prévenir d'autant qu'on ne connaît pas le pourquoi de cette épidémie, d'autant que l'on ignore la mutation de cette nouvelle forme de tuberculose résistante. J'entends, de-ci de-là, mes confrères me répéter que nous sommes vaccinés et que notre population est saine. Je suis tout à fait d'accord avec eux, avec le BCG nous sommes tous vaccinés donc tous protégés ! J'ajouterai même que les vieux routiers sont beaucoup mieux vaccinés que les jeunes gens, parce que l'expérience clinique m'a montré que les bourrasques de la vie vaccinaient davantage que le vaccin !
En tant que radiologue des hôpitaux, je vois régulièrement, depuis un an, de nouveaux cas de tuberculose, même dans une population vaccinée et très bien surveillée que constitue le personnel hospitalier.
Je pourrais vous donner des chiffres, si j'ajoute à ces cas ceux de la population civile qui fréquente les hôpitaux, on pourrait avancer le chiffre de trois cas par semaine. Ce qui est bien minime pour un seul radiologue de service. Vous me direz: trois cas par semaine, cela ne fait pas beaucoup sur une population.
Je le reconnais volontiers: c'est maigre, mais sachant que ces trois personnes mènent une vie normale, qu'elles ont une relation normale avec leur conjoint, leurs voisins, leurs collègues, qu'elles ont mangé en famille avec leurs enfants. Imaginons que chacun rencontre chaque jour une vingtaine de personnes et effectuons le calcul cela peut faire près de cent personnes qui seront contaminées! Cela signifie que l'épidémie est en train de se développer d'une façon souterraine fort discrète tandis que nos valeureux services de veille sont toujours aussi attentifs que par le passé, sinon plus évidemment.
Les hépatites sont toujours là
Savez-vous que nos statisticiens se sont amusés à calculer le taux d'infection de l'hépatite C pour laquelle nous n'avons aucun traitement à proposer, à part des thérapeutiques extrêmement lourdes qui ont pour objet de nous conduire à une impasse que l'on appelle "bi", "tri", "quadri" voire "penta"thérapie : cela fait beaucoup de molécules pour un malheureux bonhomme, avec des résultats fort maigres. Au travers de la nouvelle Europe, nous allons bientôt franchir, le chiffre de dix millions de personnes infectées. L'hépatite B a déjà infecté pratiquement quinze millions de personnes. Certes, cela n'est pas une épidémie, elle est fort bien contrôlée et d'ailleurs, pour l'endiguer parfaitement, nous avons inventé un vaccin contre l'hépatite B. II semble avoir pour effet d'améliorer l'épidémie... en engendrant en outre des séquelles importantes voire irrémédiables sur certains sujets trop sensibles. Cela compte peu !
A l'époque où j'ai dénoncé les inconvénients de la vaccination systématique contre l'hépatite B, on m'avait pris pour un illuminé. Interrogé par la directrice d'un établissement scolaire, elle-même inquiète en tant que responsable, sur l'innocuité de cette vaccination, je lui avais répondu par écrit.
Une doctoresse de l'Agence pour la diffusion des vaccins m'a ri au nez, me prenant violemment à partie en trouvant que, venant de la part d'un professeur du CHU, ce n'était vraiment pas à faire que de poser la moindre interrogation et de faire naître le moindre doute !
Eh bien, un an après la publication de différents articles qui me valurent quelques soucis, vous n'en doutez pas, de même que tous les malheureux farfelus qui avaient observé, çà et là, scléroses en plaques, diabètes, lupus, j'en passe et d'autres, il est toujours fort mal venu de s'interroger !
Nous voyons, dans la presse, le secrétaire d'Etat demander de suspendre le vaccin en milieu scolaire parce qu'il y avait comme une forme d'épidémie de problèmes qui commençait à devenir endémique et risquait de devenir malséante, conseillant néanmoins de vacciner militairement, dirais-je, nos nourrissons.
Si je reprends les propos d'un des princes de notre régime, je m'interroge seulement sur le fait qu'il faille vacciner tous les nourrissons qui sont susceptibles d'avoir des relations sexuelles probablement infectantes avec leur père ou leur mère...
II faut quand même bien faire travailler les laboratoires pour éviter le chômage dans ce pays, sinon il y aurait en plus une nouvelle épidémie de chômeurs. Vous voyez que nous sommes toujours dans une impasse et que notre système de santé veille particulièrement bien sur nous. Nous avons d'ailleurs un excellent représentant, un ardent défenseur qui vient régulièrement, comme jadis le prédicateur dominical, nous faire la morale, je veux parler de notre nouveau prince de la santé.
Ecouler les stocks de vaccins
Aujourd'hui, nous vaccinons intégralement, chaque année, nos anciens, avec de belles campagnes publicitaires, car nous avons le respect des personnes âgées. Les journalistes sont convaincants : il faut en profiter, cela est remboursé, et on peut se poser la question de savoir si c'est pour cela qu'ils sont si souvent bronchiteux, asthmatiques, faiblards durant les hivers !
Ils se traînent, ils ne sont donc pas guéris pour autant et sont en si piteux état que les "morveux", qui ont la langue dure comme chacun sait, ont inventé le terme de "PPH", ce qui veut dire "ne passera pas l'hiver".
Ça, c'est une épidémie, une épidémie endémique ou pandémie, ce qui favorise le commerce pharmaceutique, cela augmente les chiffres d'affaires du monde industriel, laborantin.
Combien de fois dans les milieux hospitaliers, lorsque les responsables s'aperçoivent que les réserves de vaccins risquent d'être périmées, on nous prêche qu'il faut se dépêcher de les utiliser avant qu'ils ne soient totalement hors d'usage. Cela est un fait connu et reconnu. Cela me fait penser à mon voisin, directeur de supermarché, dont les rayons foisonnent de yaourts et autres produits de consommation à durée limitée qui sont souvent fort proches de cette limite. Ce brave homme, comme les autres, a des soucis de rentabilité, nous n'en doutons pas, c'est à la mode.
Des méningites de plus en plus virulentes
Nous rencontrons actuellement de nouveaux cas de méningites qui se développent en France, mais aussi en Europe, tantôt du Nord au Sud, tantôt de l'Est à l'Ouest, devenant de plus en plus virulentes. Cela ne nous étonne guère car les repiquages de corps en corps laissent les germes prendre, comme les vents, de grandes forces.
Et, chaque semaine, on nous relate de nouveaux cas de méningite foudroyante, cela fait partie des informations locales et remplit les pages intérieures des quotidiens. Est-ce que l'on en fait des gros titres ? Des grosses manchettes ? Certes non, parce que notre service de santé veille...
On nous montre d'ailleurs combien il est efficace car tout l'entourage du malheureux trépassé a été "antibiotiqué" à hautes doses, voire toute l'école et toutes les familles environnantes revaccinées à grand fracas de presse aux frais des contribuables !
Mais tout cela resterait-il sans effet ? Car l'épidémie poursuivrait, elle se développerait encore, quelle garce ! Cela voudrait signifier que nous n'avons pas trouvé le pourquoi !
Ah, nous avons une grande pléthore de chercheurs, des équipes brillantes qui s'échinent du matin au soir et du soir au matin. Je pense sincèrement qu'en essayant, au travers des différentes statistiques, ils vont retrouver la piste, du reste certains viennent nous tenir de magnifiques discours d'épidémiologie, très savants.
C'est d'ailleurs une nouvelle science à la mode, certes on n'est plus sur le terrain, on ne consulte plus les malades car on peut enfourcher de nouvelles montures informatiques et nous avons ainsi des chercheurs mondialistes qui, à partir du ciel, essaient de retrouver l'endroit de naissance de ces épidémies !
Cela est tout à fait parfait et remarquable, cela se fixe sur des pages glacées de fort belles revues, sans faire cependant la jonction avec les sciences fondamentales ni avec les cliniciens qui sont sur le terrain et ont à écouter les doléances des malades… ou à observer d’autres réalités, oh combien humaines !
Surtout ne pas effrayer les populations
Dans le continent africain naissent des épidémies très importantes qui restent à l'état endémique, de type "Ebola" par exemple. Elles vont, elles viennent, elles apparaissent, elles disparaissent et elles réapparaissent.
Sans savoir pourquoi, on accuse l'eau, qui n'est certes guère potable, on accuse les moustiques et les mouches, bref tout ce que l'on peut accuser. Un médecin "Sans Frontières" s'étonnait que les réfrigérateurs du centre de soins où il était arrivé n'étaient pas branchés car il n'y avait pas d'électricité un praticien africain me confiait que les vaccins étaient à 40 °C, mais on vaccine quand même. Je vous laisse supposer ce qu'il peut en résulter, l'inconscience a des conséquences funestes.
A chaque fois, les épidémies tuent quelques milliers de sujets voire quelques millions, mais on n'en parle guère car il ne faut surtout pas effrayer les populations.
Même le Paysan breton, un petit journal de Landerneau bien documenté, dénonce, en décembre 1998, "une grave épidémie menacerait les régions à forte densité de porcs et de volailles", reprenant un article de Sciences et Vie. Le porc est un animal récepteur des virus humains et aviaires même s'il est sain, comme certains humains sont des porteurs sains de germes. Or, chez le porc, les virus aviaires et humains peuvent effectuer des mariages hybrides. En 1993, un virus aviaire et humain a été détecté chez deux enfants. L'antigène de surface était d'origine humaine, aussi le système immunitaire l'a identifié, mais si l'antigène de surface avait été d'origine étrangère à l'homme, la catastrophe se serait déclenchée car notre organisme ne sait pas fabriquer des anticorps contre les antigènes étrangers à l'homme. Avec la concentration des élevages industriels de porcs et de volailles en Bretagne, la surveillance permanente est indispensable. Elle est assurée parle Centre national d'études vétérinaires et alimentaires.
Tsutom Watanabe déclarait, il y a trente ans déjà, dans un article paru en décembre 1967 dans Scientific American: "
Tant que nous ne mettrons pas un frein à l'utilisation aberrante des antibiotiques et des médicaments de synthèse, nous courrons le risque d'être rapidement ramenés à l'ère de la médecine pré antibiotique." Ces sages propos sont restés lettre morte devant la frénésie du profit.
Les médecins, les vétérinaires et les scientifiques d'une trentaine de pays se sont réunis en septembre 1998, au Danemark, pour instaurer un système de surveillance des bactéries mutantes, par résistance aux antibiotiques, devenant un danger pour la santé publique mondiale.
En 1942, la pénicilline était inefficace contre 15 % des souches de staphylocoques, aujourd'hui elle est inefficace à 80 %, et à 95 % dans les hôpitaux. La salmonellose devient, en raison de la distribution massive d'antibiotiques dans les aliments pour animaux d'élevage, elle aussi résistante aux antibiotiques.
La menace microbienne a donc été au programme de cette réunion d'experts et de représentants gouvernementaux à Copenhague, en raison de la propagation, au travers des frontières, de ces bactéries multi résistantes en raison d'une relation établie entre l'usage abusif des antibiotiques et l'infection par la chaîne alimentaire.
Le médecin chef du service de microbiologie de Madrid, le Dr Fernando Baquem, déclare: "II faut agir maintenant avant qu'il ne soit trop tard, attaquer de front ce problème mondial qui est plus dangereux pour l'humanité que la couche d'ozone ou la destruction de la forêt tropicale."
Si l'on n'y prend garde, on risque de perdre tout le bénéfice de la découverte des antibiotiques. "Nous avons la conviction profondément enracinée, dans notre culture, que les antibiotiques nous aident à tuer nos ennemis. C'est une grande erreur car les antibiotiques tuent non seulement nos ennemis mais nos meilleurs amis, rendant notre corps sans défense alors qu'on les utilise à tout bout de champ pour des maladies bénignes. En fin de compte, la facture à payer est tragique..."
Demain peut être mortel pour l'espèce humaine. Depuis 1960, aucune nouvelle classe d'antibiotiques n'a été découverte.
Nous nous sommes installés dans un grand confort idéologique parce que nous avons un système auquel nous avons fait une confiance aveugle, après avoir fait totalement confiance à nos curés autrefois. Et on s'aperçoit aujourd'hui que ce système est en train de s'écrouler s'il n'est pas totalement vermoulu !
Les antibiotiques n'ont plus d'effets sur certaines souches mutantes
C'est logique: on s'en sert comme d'un outil industriel de croissance dans le monde de la volaille, du bétail, comme d'un outil de croissance dans le monde aquatique et chacun d'entre nous mange, à son insu, des doses d'antibiotiques très importantes de façon quotidienne.
II faut bien stabiliser les aliments, il faut bien que le bétail survive! Bien sûr, les chiffres d'affaires ont progressé mais toutes ces doses industrielles massives d'antibiotiques répandues ainsi dans la nourriture et dans les espèces animales comestibles ont induit des foules de germes mutants que nous ne pourrons plus contrôler.
Savez-vous que nos salles d'opérations, malgré tous les soins les plus radicaux et toutes les réunions médicales avec les prestigieux techniciens de l'industrie les plus sophistiqués, sont toujours super infectées et que chacun risque de ramener un petit souvenir des hôpitaux. Nous avons, dans ces nouveaux temples de la médecine, des infections de cafards, des infections nosocomiales, et cela peut être très embarrassant. C'est un secret de polichinelle, nous avons nos informations internes qui ne diffusent certes pas beaucoup au dehors. Hier, la télévision nationale parlait de 10 000 décès annuels.
Réapprendre l'hygiène
La meilleure défense de soi-même et des siens, c'est l'hygiène de son corps. Mais c'est également l'hygiène de l'alimentation, ce sont les deux clés qui permettent de lutter contre un risque d'épidémie.
Le monde médical a, aujourd'hui, une lourde responsabilité car son rôle est capital: savoir prévenir, savoir conseiller, savoir s'allier avec nos malades, afin de prévenir tous risques d'épidémie. C'est-à-dire initier inlassablement à l'hygiène corporelle, à l'hygiène alimentaire. Le rôle prophylactique des médecins généralistes n'a jamais été aussi grand.
J'emprunterai pour conclure les propos de Luc Montagnier
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à un colloque récent organisé par l'Unesco à Monaco sur ce thème : "II faut sensibiliser le public à des mesures simples d'hygiène élémentaire qui sont très efficaces, en commençant dans les écoles. II s'agit d'un travail de longue haleine qui peut prendre un siècle avant que les résultats ne soient visibles. J'espère que nos descendants auront trouvé des solutions avant la fin du prochain siècle. Mais lorsque ces problèmes seront résolus, il faut savoir que d'autres apparaîtront. Cette évolution est inéluctable, car notre monde vit et évolue sans cesse."
Le Monde
Bernard HERZOG