II y a plus d'un an que je n'ai revu cette patiente, arrivée initialement avec un turban pour masquer sa calvitie secondaire à la chimiothérapie. En proie à un cancer du sein, cette jeune femme a retrouvé le chemin de la vie. Elle a donc cessé toute chimiothérapie et son état de santé s'est amélioré au point qu'elle a pu concevoir un nouvel enfant sans le moindre signe de récidive. Que pense l'inconscient de cette situation ?
Rêve n° 1 : mars 2000
« Il fait un temps splendide. Je roule en vélo, tranquillement, sur une route de campagne bordée d’arbres à ma gauche et d’un marais à ma droite. Ce marais a la particularité d’avoir été parfaitement bien nettoyé au fond et sur toute sa hauteur et vidé de son eau. Des plantes reposent sur son lit, bien disposées, en attente d’être piquées. J’aperçois le Pr Herzog. Il a la faculté de survoler le marais et de se poser d’un côté ou de l’autre pour le contrôler. Il paraît satisfait. Je poursuis ma balade à vélo. Là, le marais a été replanté. Plus loin encore, il a été remis en eau, une eau très claire et limpide qui me permet de distinguer les plantes vivant sur son fond. Il n’y a pas de lentilles, pensai-je. Il n’y a pas de lentilles, mais elles seront propres et bénéfiques au marais.
Au bout du marais, je trouve un bassin séparé en trois bacs. Cela ressemble à un bassin de décantation, mais celui-ci est beau, parfaitement neuf et propre. Je quitte le vélo et circule à pied entre les trois bacs, sur les passerelles. Une jolie petite fille de cinq à six ans me rejoint. Je la connais. Nous nous dirigeons au-dessus du bassin, au fond à gauche. Il en sort une vache en grande partie blanche, tachetée de noir. Elle fait peur à la petite fille que je m’empresse de rassurer. Cette vache n’a rien d’un monstre, elle ressemble à un personnage de dessin animé. La petite retrouve sa sérénité. »
« Mon avenir n’a plus rien d’un marécage boueux puisqu’il a été vidé, nettoyé, replanté, son eau sale évacuée et le voici remis en eau propre.
Au bout, il y a un bassin de décantation neuf, propre, une vache blanche et noire.
En Inde, la vache est sacrée. En Europe, elle produit du lait, est-ce mon image ? Elle ne ressemble pas réelle puisqu’elle ressemble à un personnage de dessin animé. Elle est blanche et noire, ce ne sont pas des couleurs de la vie ! »
La vache Gaïa, la mère, les grands-mères jusqu’à la déesse mère. La rêveuse a un vieux contentieux avec sa propre mère, un véritable chêne invasif, très autoritaire : bref, une mère, phallique, à tendances transsexuelles ; son père était totalement effacé dan le couple parental (2). La rêveuse a une relation physique satisfaisante et sa renaissance est, là, bien présente sous forme d’une jolie petite fille de six ans.
Rêve n° 2, avril 2000
« Je palpe mon sein droit, je sens une petite boule, à nouveau une petite tumeur. »
« Au réveil, j’ai palpé mon sein, il n’y avait rien. La veille de ce rêve, une soeur de la Communauté de sainte Thérèse m’a demandé ma perruque afin de se faire opérer incognito dans une clinique d’une tumeur au mollet droit.
Même si cette soeur m’a certifié, avant l’opération, que sa tumeur n’était pas cancéreuse, je ressens, chez elle, beaucoup de négativité, comme si je voyais la mort en face. Malheureusement, je crois ne rien pouvoir pour elle car elle ne veut ni se remettre en question, ni réviser son alimentation, ni discuter la médecine traditionnelle. Cette soeur me fait peur, c’est mon angoisse qui ressort dans ce rêve. »
La rêveuse a hérité d’un aspect “bonne soeur” à la suite d’une éducation catholique assez étriquée, que sa chère mère et ses éducateurs lui avaient confortablement structuré. Il en a résulté une tumeur au mollet droit, une amputation de sa relation au masculin, ce qui avait entraîné des réactions assez houleuses dans son couple. Désormais, ces problèmes sont réglés. La perruque vient lui remémorer la perte des cheveux due à la chimiothérapie. C’était aussi un programme négatif car, lorsqu’on a été éduqué dans la négation de soi-même, le culte sacrificiel, on court, bien sûr, chez le boucher ou après des thérapeutiques agressives et destructrices. C’est une constante de notre époque, l’inclinaison habituelle chez la grande majorité des malades du cancer.
Rêve n° 3, août 2000
« Mon fils est allongé sur son lit, il n’est pas couvert, il repose sur le dos, sur un drap-housse jaune poussin.
Je suis allongée dans mon lit à côté d’un cousin germain, il me caresse. Je le caresse, je ne veux pas faire l’amour avec lui, alors il se masturbe. Après quoi, il s’essuie avec un mouchoir en papier.
Le lendemain, je prends bien soin de ramasser le mouchoir afin que mon mari ne s’aperçoive de rien. »
« Etre mère m’intéresse davantage, en ce moment, qu’être épouse. Le masculin ne me passionne pas. Je laisse mon cousin se débrouiller tout seul et je fuis mon mari. »
En l’interrogeant, on apprend que ce cousin avait dix-huit mois de différence avec la rêveuse. Il a été élevé avec elle, il était un véritable frère pour elle. Nous sommes donc devant un sentiment, pourrait-on dire, “super oedipien” car le lien frère sœur est bien plus puissant que celui existant entre le père et sa fille. Comme sa mère était toujours malade, très hypocondriaque, la rêveuse allait régulièrement chez sa tante, laquelle avait un fils avec lequel elle fut élevée.
On voit, dans ce rêve, s’effectuer lentement la différenciation du masculin, d’abord projeté sur le fils demeuré inclus dans le territoire matrilinéaire, à l’horizontale avant de l’être sur le mari.
Rêve n° 4, 26 août 2000
« Je passe la main dans ma coiffure. Je perds mes cheveux. Un certain nombre d’entre eux est resté dans ma main. Cela ne m’affole pas du tout, je me dis que c’est l’occasion de les renouveler. »
« Je me prépare à faire un pas en avant du point de vue de mon mental : abandonner d’anciennes idées au profit de nouvelles conceptions. »
La perte des cheveux, c’est aussi la perte des idées fixes, des désirs impérieux. Dans la vie, il est toujours bon de changer d’idées ou de direction quand on s’est confronté à une difficulté insurmontable.
Rêve n° 5, 27 août 2000
« Je me promène avec une amie dans un grand parc où se trouve un lac. L’herbe est bien verte, il fait beau. Ce n’est pas la première fois que je prends plaisir à me promener dans ce parc. Mais, cette fois-ci, mon amie me dit avoir découvert, depuis ma dernière visite, des propriétés très riches à l’eau du lac. Elle me demande donc d’en prendre grand soin et d’en user avec modération. Ensuite, je visite un beau château d’un style moyenâgeux mais parfaitement entretenu et rénové.
Je me vois dans une chambre d’hôtel. Un couple d’amis doit venir me rejoindre. En les attendant, je remets mes cheveux en place. Je suis allée chez le coiffeur, et j’ai besoin d’un coup de peigne afin de remettre mes cheveux mi-longs en forme. Pour cela, je m’assois sur le grand lit deux places. L’homme, mon ami, entre dans la chambre. Je lui cède ma place et je vais dans la salle de bain poursuivre ma coiffure. Je choisis de prendre la petite salle de bain et la petite chambre, laissant ainsi au couple la grande salle de bain et la grande chambre.
Puis, je pense à une femme, peut-être celle qu’attend mon ami. Je lui déconseillerai de faire la visite du lac suivie de celle du château, car le chemin me semble facile pour moi mais je le juge beaucoup trop long pour elle. »
« Le parc, c’est ma vie. L’eau du lac, devenue bonne, est maintenant une eau aux propriétés très riches. Le château est une grosse maison qui commande le village : mon mari ou moi-même ? L’eau du chat, c’est l’autorité matérielle, maternelle, un deuxième utérus peut-être ! Il est d’un style moyenâgeux mais parfaitement entretenu et rénové, donc solide, mais manquant certainement d’ouvertures.
Le couple d’amis, est-ce mon masculin, mon féminin, mon mari, moi-même ? La femme à laquelle je pense pourrait être la femme que je laisse derrière moi, celle qui n’est pas présente pour son mari : elle n’est pas dans la chambre. C’est pour cette raison que j’éprouve le besoin de remettre mes cheveux, donc mes idées en place, dans la salle de bain : il y a là une idée de nettoyage. »
La rêveuse revient de chez son coiffeur, ses cheveux ont repoussé, elle a remis de l’ordre dans sa façon de concevoir le monde. Elle ne connaît pas encore l’image du quaternion, évoquée par Jung : il s’agit de son reflet et celui de son masculin dans l’inconscient. Le Moi, dans le champ de conscience, est toujours plus petit que la structure retrouvée dans l’inconscient.
Rêve n° 6, 28 août 2000
« Je vais faire un séjour d’une huitaine de jours avec mon mari dans un hôtel. Nous traversons le restaurant. J’observe ce que les gens mangent ; je remarque tout : les plats, les soufflés, les pains avec pépites, etc., tous les menus sont confectionnés avec du chocolat. Puis, nous montons dans les étages découvrir notre chambre. Nous arrivons, par la droite, dans une grande pièce composée de trois lits alignés pour deux personnes, puis, à gauche, un lit d’une personne, pour notre fils.
Pour des raisons pratiques, nous occuperons donc le grand lit le plus à gauche, c’est-à-dire celui qui est le plus près de lui. Je m’inquiète de savoir si nous serons le seul couple à occuper cette chambre. On me répond que le lit le plus à droite sera également occupé. Alors, je lève les yeux au plafond et j’aperçois, à ma grande satisfaction, des cloisons mobiles, rangées le long du plafond. Le système permet de les descendre à volonté et de s’isoler ainsi les uns des autres.
Cette chambre me semble chaleureuse ; elle est habillée de tentures sur les murs et les cloisons assorties au-dessus du lit, le tout d’un style un peu vieillot. Je crois qu’il y a des fenêtres à droite et à gauche. Mon mari et moi, nous commençons par ranger nos affaires dans la salle de bain, située au pied de notre lit. Cette petite pièce, toute en longueur, munie seulement d’un lavabo, ressemble à un débarras : elle est encombrée de choses et d’autres empilées sur près de la moitié de sa surface, sur notre gauche, et également à gauche du lavabo. »
« L’hôtel est le lieu où plusieurs personnes vivent, une sorte de collectivité. Je retrouve souvent du chocolat dans mes rêves. La description de la chambre donne une ambiance feutrée mais un peu vieillotte. Mon fils, c’est mon renouveau, il a une place à côté de notre grand lit. La salle de bain est encombrée. De plus, il n’y a qu’un lavabo. J’ai donc, en ce moment, beaucoup de choses à nettoyer dans peu d’espace. »
A cette date, le problème principal de la rêveuse est de s’extraire de l’opposition de la dualité, bref, de réaliser le “de uno”, de deux, faire un (3). On lui a enseigné que le masculin et le féminin cohabitaient en parallèle, une forme de conception où chacun reste confronté à son nombril et à son passé, à ses caprices, à ses pulsions, alors que le centre de gravité du couple doit se placer exactement au centre d’un triangle, constitué par le père, la mère et l’enfant ou les enfants. C’est pourquoi il lui reste encore beaucoup de débarras à effectuer. Il lui faut donc mettre de l’ordre, retrouver un équilibre dans ce domaine.
Rêve n° 7, 30 août 2000
« Je chemine sur le long couloir d’une école en direction de la petite salle au fond dans laquelle j’entre. Là, se trouve un débarras et un bureau sur ma droite. Je cherche des affaires que mon fils aîné aurait pu oublier précédemment. Une dame me renseigne : “Peut-être dans ces sacs plastique ? ”En effet, en fouillant dans l’un d’entre eux, je trouve une petite salopette bleu indigo et une chaussette. Je me dis que c’est bien l’habitude de mon fils aîné de ne laisser, à un endroit, qu’une seule chaussette. »
« L’école, c’est mon apprentissage. Mon fils représente mon renouveau. Je trouve d’anciens vêtements, donc d’anciennes peaux, mais aussi celles mon renouveau. Mais, je dois chercher et remettre de l’ordre, notamment dans mes chaussettes. Les parties basses, les chaussettes, permettent de maintenir les pieds au chaud. »
La rêveuse est toujours à l’école de la vie. Elle est un peu trop liée à son fils bien plus qu’à son époux. Il y a donc un manque d’adhérence enter la chaussette et le pied, ce qui évoque encore à ce moment-là une relation physique relativement froide.
Rêve n° 8, 1er septembre 2000
« Je fais les courses avec mes parents, nous ressortons du magasin et nous nous apercevons que nous avons oublié d’acheter de quoi manger. Alors, nous faisons demi tour et nous prenons, sur la caisse, ce que nous trouvons, trois choses dont je me souviens : un sandwich, dans lequel je glisse une tranche de jambon blanc. Je prends ces trois nourritures et je sais qu’elles ne sont pas bonnes pour moi. Je vais ensuite chez une amie. Dans sa maison, j’installe mes affaires dans une chambre du fond et à droite du couloir. Un homme entre dans la maison. Il a le sida. Nous l’accueillons et l’écoutons : mentalement, il ne va pas bien du tout. Il nous quitte pour aller installer, au bord d’une route de campagne, des gros paniers rectangulaires réalisés en fil métallique, comme du fil barbelé. Ces paniers sont vides et semblent, extérieurement, hérissés sur une épaisseur de dix centimètres.
Mon amie et moi sommes dans la salle à manger, assises à une table rectangulaire, face à une grande baie vitrée, donnant sur un balcon et sur le ciel. Autour de nous, vont et viennent plusieurs malades atteints du sida, comme si la maison s’était transformée en foyer d’accueil.
Le premier homme nous apparaît sur le balcon, un revolver à la main, qu’il tint sur sa tempe. Il tire. Nous voyons son geste mais ne réagissons pas car nous le savions perdu.
Nous nous retrouvons seules, mon amie et moi, rangeant la maison, l’aérant et la quittons. »
« Dans la première partie, il s’agit d’un retour en arrière. Nous faisons des courses dans un magasin, lieu d’échange. Cela pourrait être positif, mais en réalité, nous n’en tirons même pas une nourriture orale puisque nous oublions de l’acheter. Nous nous contentons des restes sur la caisse, nourriture matérielle mais non spirituelle. Cette nourriture ne me paraît pas bonne. J’avais de très gros problèmes par rapport à la nourriture. Toute petite, je mangeais très peu. Adolescente, à quatorze ans, j’ai perdu une dizaine de kilos et, en même temps, je suis devenue légèrement myope.
Deuxième partie : notre maison s’est transformée en foyer d’accueil pour malades. Un homme, que nous savons perdu, se suicide devant nos yeux. Cet homme pourrait être cette partie de moi, masculine, autoritaire, inféodée à la mère, une véritable amazone qui m’a entraînée vers la mort et qui, aujourd’hui, a disparu. Le sida est une maladie qui tue par la relation amoureuse, telle que nous la vivions auparavant. Aujourd’hui, nous avons aéré, épuré et quitté cette maison. »
Ce rêve est tout à fait remarquable parce qu’il nous montre une similitude entre le sida et le cancer. Il montre comment la rêveuse a effectué une poussée de croissance tout à fait remarquable pour s’extraire des idées toutes faites reçues de l’enfance, ce que l’on peut appeler le dais (4). C’est-à-dire l’ensemble des idées catholiques ou islamistes, confucianistes ou autres protections symboliques reçues au cours de l’éducation religieuse qui, certes, mettent à l’abri les choses de la vie mais enferment, par une façon sectaire, d’opposer le masculin et le féminin ; d’enseigner et de répandre la culpabilité de façon systématique. Cette formation spirituelle est particulièrement frelatée, donc pathogène.
Grâce à la poussée de croissance, on parvient à s’extraire de ces protections purement mentales mais extrêmement pathogènes.
Rêve n° 9, 19 octobre 2000
« Mon mari m’offre quatre pulls, très doux, très chauds, en cachemire : un est blanc cassé à motifs, et deux sont de couleur or et violet. Ces cadeaux me font plaisir. Je me dirige vers des pontons abrités. Ma barque est partie au large. Elle s’apprête à revenir. Je l’attends. Sur mon ponton des palourdes sont rassemblées. J’aime ces coquillages.
C’est la nuit. A ma droite, sur le sable, un orchestre joue, des gens dansent. J’ai envie d’aller danser mais je préfère rester là à attendre ma barque afin de ne pas manquer mon prochain départ. »
« Mon mari m’apporte de quoi changer mes habits, mes habitudes, de quoi changer de peau. Il y a là douceur et chaleur. Le blanc, c’est la lumière ; l’or est jaune, précieux ; le violet est le repos ; quant aux palourdes, cela évoque les fruits de la mer. Ce n’est pas lourd à porter aujourd’hui. Je ne prends peut-être pas assez le temps de vivre puisque je ne prends pas le temps d’aller danser. Par contre, je m’apprête à prendre un nouveau départ. »
Auparavant, la rêveuse s’était peu occupée de sa barque, c’est-à-dire de la vie de son corps, de la barque sacrée.
Maintenant, les quatre pulls offerts par le mari évoquent des enveloppements affectifs, très chauds, très doux, à la fois reposants et apportant une harmonie en or. Aussi, elle assume l’éducation de ses deux fils en plus de son métier d’enseignante. Voilà un gros travail, ce qui explique peut-être pourquoi elle n’a pas eu le temps d’aller danser, ni de s’amuser.
Rêve n° 10, 30 octobre 2000
« Je suis en vacances avec mes parents, la sœur de ma mère et son mari. Je ne veux pas déjeuner avec eux, donc je mange une tarte chaude, une quiche lorraine, dehors, sans les prévenir. Puis, je vais acheter de quoi glisser sur la neige. Le vendeur me conseille un grand carton plastifié d’un mètre cinquante sur cinquante centimètres. C’est le meilleur rapport qualité prix pour bien s’amuser. J’envisage d’aller, cet après-midi, derrière le magasin, sur la montagne boisée de sapins ressemblant aux Vosges. La neige y est parfaite, d’une belle épaisseur, tassée, verglacée, juste ce qu’il faut pour bien glisser sans se faire mal.
Je quitte le magasin, mon carton sous le bras en direction de la maison de mes parents. Lorsque j’entre, ils préparent le déjeuner. Ils sont inquiets de ne pas m’avoir vu ce matin. En me servant un peu précipitamment du lait chocolaté dans un verre, deux gouttes sont projetées sur le mur de la cuisine. Je décide de boire et ensuite de nettoyer. Ma mère me demande de faire le ménage de la maison après que tout le monde ait déjeuné. Evidemment, je pense à ma sortie prévue, mais vu l’autorité de ma mère, je ne me sens pas le choix de refuser et d’accomplir cette tâche. Je ferai donc vite pour pouvoir sortir rapidement. »
« C’est un retour en arrière dans lequel je vis mal la domination de ma mère. La neige, c’est l’eau gelée : le chocolat, cela évoque la chaleur, les câlins. Puis, il y a aussi l’envie de s’amuser, de vivre en dehors et d’échapper à l’ancienne cellule familiale. »
Le gel des émotions se traduit dans le gel de l’eau, qui n’est plus sous sa forme courante, mais sous celle d’une neige d’une belle épaisseur, tassée, verglacée. La rêveuse a hérité d’un rejet de la sexualité, il y avait donc un gel de la vie.
Elle commence à le refuser. C’est pourquoi elle ne veut pas déjeuner avec l’oncle et la tante et qu’elle mange une tarte chaude, une quiche lorraine, bien ronde. Elle se nourrit, désormais, de symbolique. L’eau est REINE car l’eau, c’est la vie, la FEMME.
Elle vit très mal toute nouvelle régression près de la cellule parentale, ce qui démontre son évolution.
On voit, dans ce rêve, comment une rêveuse échappe au marais, à cette page où l’on nourrit lentement mais sûrement, combien l’éducation judéo-chrétienne de la culpabilité entraîne la formation d’un terrain propice à l’explosion du cancer du sein. Grâce à un sérieux travail sur elle-même, à une révision de sa coiffure, donc de ses conceptions du monde, la rêveuse effectue un développement important, mais il lui faut encore se vacciner des conceptions archaïques, héritées du rôle d’une mère jadis amazone, phallique, autoritaire, un modèle d’une extrême fréquence sous toutes les latitudes. C’est pourquoi la tumeur mammaire frappe essentiellement les femmes restées dans le sein de leur mère, dans l’orbite affective, cette matrice initiale, qui apporte, certes, sa positivité, mais aussi sa négativité. N’oublions pas que les bonnes sœurs font beaucoup plus fréquemment que toutes les autres femmes, des tumeurs mammaires.
On peut se féliciter de cette évolution chez une malade du cancer ayant décidé d’arrêter toute forme de thérapeutique agressive, notamment la chimiothérapie. Malgré son jeune âge, et malgré le fait bien connu des cancérologues, qu’une nouvelle grossesse met le feu aux poudres chez les femmes jeunes, elle s’est guérie. Alors, malgré son jeune âge et le fait bien connu des cancérologues, qu’une nouvelle grossesse met le feu aux poudres chez les femmes jeunes, elle a donné naissance à un superbe petit garçon. Une autre Grâce de la VIE !
Quand le vent souffle, le roseau plie ;
Quand le vent souffle, la mer se creuse
Quand le vent souffle, on s’enferme dans sa demeure
Quand le vent souffle, on espère qu’il s’arrête
Quand le vent s’est arrêté, on respire
Alors un désir naît et on croit à la vie.
(Proverbe breton)