L’esprit est une matière communément considérée comme l’essence immatérielle.
L’esprit est regardé comme la source de la pensée mais en est-il la source ou uniquement la résultante de la spiritualité ?
Le spirituel est une notion aussi vaste que (le symbole de) l’océan. C’est le mystère de la vie et c’est aussi le mystère de l’homme.
L’homme est un composé binaire de deux ensembles : un corps d’apparence animale et un second ensemble spirituel.
L’élévation spirituelle n’est en rien une élévation sur la croyance, de ce que l’on désigne par la foi. Elle est seulement une résultante de l’évolution de sa propre connaissance dans le chemin de la sagesse.
C’est la simplicité d’une recherche, d’une quête personnelle du Graal dans l’exploration de son devenir spécifique.
L’homme est un potentiel en devenir par ses actions, ses réalisations ! Il devient ce qu’il n’est pas encore, car entre le néant et la négation - ou le néant de l’affirmation - le raisonnement n’est qu’un chemin mitigé entre les deux, alors que le cheminement de la sagesse c’est reconnaître ses propres erreurs au travers de sa propre expérience pour comprendre qu’être soi, c’est être capable non seulement de s’affronter, mais aussi de souffrir.
Dans le sens exact du terme, souffrir signifie être capable de ne jamais se sous-estimer, donc de ne pas subir l’accablement de toute une négation subie ou qu’on a fait inconsciemment subir.
C’est être capable de pouvoir discerner non pas entre ce qui est bon et ce qui est mauvais, mais être capable de sentir l’équilibre nécessaire pour être bien soi-même car toute notion opposée n’amène que des interdits. Ils engendrent résistance et culpabilité alors que l’équilibre amène l’harmonie, d’être en état de se comprendre, pour se réaliser c’est-à-dire de sortir du lit de la chose.
Etre capable de comprendre, de se découvrir.
Cette notion paraît peut-être surprenante, voire saugrenue. Elle est pourtant la chose la plus réelle, la plus appréhensible quand elle est énoncée.
Quelle est la chose la plus difficile à atteindre ? Qu’on soit un homme de savoir, un savant, ou que l’on soit un simple. L’humilité est le terreau nécessaire où l’humeur doit être la plus simple. Elle permet de comprendre qu’on n’est rien lorsqu’on n’est pas capable d’être simplement la chose de soi-même, donc d’être capable d’être dans le chemin de « je vais en », d’être capable de se découvrir dans son temple intérieur, de se laisser emporter, de se laisser envahir par quelque forme que ce soit.
L’homme seul n’est rien : la solidarité est une nécessité. La chaîne sociale doit nous permettre d’être nous-même, d’être reliés les uns aux autres, de nous épauler, de nous comprendre, de nous respecter, d’être disponible les uns aux autres, de pouvoir nous héler, de pouvoir faire hisser la voile dans le temps nécessaire, d’être capable de retrouver le chemin du soleil dans le rite, dans ce chemin de l’art.
Placé dans le lit de cet art, il est très difficile de ne pas s’apercevoir de l’efficacité d’être ensemble et d’appréhender tout ce qui entoure. Cela initie le respect c’est-à-dire la paix de la chose, cela initie l’encouragement de croître, de se réaliser et de pouvoir vaincre les événements contraires, non pas en les jugulant par la force, mais en les amadouant et en les rendant inoffensifs.
La spiritualité c’est tout cet art d’harmoniser deux mondes différents, mais deux univers qui composent l’humanité, car l’homme n’est pas qu’un simple assemblage de matières différentes mais tout à fait complémentaires.
Cette composition doit nous permettre d’apprécier la valeur des enseignements découverts au détour du chemin, d’apprécier la valeur de l’exploration de soi-même, la recherche des autres, la joie de faire découvrir.
Ce monde appartient à cette espèce d’individu même s’il ne se déplace jamais. Même s’il s’écroule sous les tempêtes, l’homme se relève toujours pour rester debout.
S’il est aveugle, au départ l’homme comprend que la lumière se dégage, se disperse et qu’elle est effectivement reçue là où l’on l’attend le moins.
Quelque chose se passe, certes pas un changement spectaculaire, ni une révolution qui ne fait que passer, mais cela permet à d’autres personnes de se relever, de pouvoir reprendre conscience de sa force, de ses convictions.
La vie n’est jamais facile pour quiconque.
C’est une sorte d’écheveau qui se déroule, se démêle sans cesse, tout en se mêlant, en s’imbriquant. L’échevinière ne peut se dérouler que si elle est elle-même dans le déroulement de cette solidarité spirituelle.
Cette masse spirituelle c’est l’ensemble de cette notion qui permet de passer l’étape, de passer cette démesure de comportement ou d’épuisement le cas échéant.
C’est le soleil et la force de cette communauté forte qu’on appelle le réconfort.
C’est avec ce soleil fort qu’on crée la chaîne, qu’on avance dans la connaissance de soi-même, dans le développement de cette capacité à être soi-même, d’appréhender avec discernement les différentes facettes des champs de la vie.
Au travers de cette écoute et de cet engagement, on réalise sa propre vie.
Les humeurs n’ont plus cours, elles sont pourtant nécessaires à se réaliser à condition d’être soumises au champ immense de la spiritualité de soi-même, c’est-à-dire à la mesure de sa propre sagesse. Je ne dis pas « de la sagesse » mais « de sa propre sagesse » car chaque sagesse est l’expression de sa propre réalisation au travers de l’expérience acquise et future. Chacun a son vécu, chacun doit avoir son choix de vie et être respecté dans son existence, dans ses propres errements. S’il reconnaît ses errements personnels, c’est qu’il a déjà dépassé cette épreuve car il a évolué.
On peut toujours éviter des erreurs pour en refaire d’autres… et retomber en chemin !
Dans le pré, il y a toujours un trou où l’âne va trébucher !
Si on sait que la vie a apporté certaines expériences aléatoires, on a apprécié le chemin effectué pour faire autrement, sinon on répète toujours la même chose, les mêmes errements, les mêmes échecs.
Il y a toujours une autre manière de faire, une autre façon de récolter une fleur, un sourire ainsi, on a la possibilité d’apprendre quelque chose.
Si on sait discerner la différence entre deux jonquilles, on a appris quelque chose alors qu’au départ on les a classées à l’identique.
Si on a deux clochettes brillantes comme des boutons d’or, elles peuvent être différentes, l’une avoir six pétales, l’autre sept, l’une poussant au nord, l’autre au sud. Si l’on a observé cela, on a appris beaucoup de choses, donc on a fait un pas en avant.
Si on a apporté une flammèche lumineuse et que la connaissance semble stagner car on ne voit rien mais pourtant elle se développe. De temps en temps, on s’en aperçoit et l’on voit différemment les choses de la vie.
L’homme de la connaissance a trouvé autre chose. Après coup on s’aperçoit que cela a été fait.
C’est toujours « après coup » et bien longtemps après coup qu’on sent qu’il y a quelque chose de différent. L’entourage s’en aperçoit souvent avant le sujet lui-même.
Quand c’est réalisé ce n’est plus rien, c’est en cours, ça se déroule. Quand on évoque une chose, par exemple le médecin prévoit l’évolution de la maladie, au début c’est une simple gêne, la petiote n’avait rien. Puis elle a eu du mal à respirer et enfin on s’aperçoit de l’existence latente d’une tumeur. Le médecin avait prévenu la famille de l’évolution, ils avaient confiance. La démarche a été confirmée, honorée, mais l’évolution a été tout à fait différente. Nul ne peut prédire l’avenir.
Pour François le petit garçon pour lequel les chirurgiens voulaient extraire les deux lobes inférieurs des deux poumons, les parents sont très satisfaits de mes conseils, ils savent maintenant parfaitement ce que valent les médecins qui voulaient opérer leur enfant. Leurs avis formels n’étaient révélateurs que de leur incompétence. (cf. « Le transgénique » - l’histoire de François, p. 172-175)
Ils ont senti passer l’amour, ils ont conté que l’événement a changé, cela a apporté la surprise de l’existence, une autre facette de la vie, non plus rigide mais beaucoup plus ouverte. Une autre médecine plus respectueuse, écologique encourage le thérapeute au plaisir de participer, d’aider l’autre, de le voir s’épanouir et de quitter les rives austères et détestables de la maladie : c’est çà l’affrontement à la vie.
La solidarité est indispensable, elle permet de parvenir à un ensemble unitaire dans le respect des uns et des autres, de ses humeurs, de se découvrir soi-même.
Le thérapeute est une oreille, une cavité de résonance, un retour au nid. C’est l’oreille de la grotte pourrait-on dire. Il suffit de mettre en harmonie la résonance du sujet avec soi-même. Il sert de cavité de résonance harmonieuse, il sert de relais. Il ne doit pas se poser question mais observer. Alors on peut découvrir le mystère de la vie : « je sais çà », donc avoir la sagesse d’être soi-même.
Cela apporte un ensemble d’expressions qui permet d’ouvrir l’entendement encore plus grand, de découvrir au travers des cas, quels sont les errements qui peuvent être évoqués pour ne plus les recommencer mais éviter les situations négatives. Les patients ouvrent l’œil, cela leur apporte quelque chose. Ils s’éveillent à eux-mêmes et aux réalités.
Chaque événement de la vie concourt à créer un temps événementiel. Alors chaque événement peut concourir à créer un nouvel espace de connaissance.
Chaque peur, chaque crainte entraîne des mouvements propices et surprenants pour chaque sujet.
A chacun d’être prêt dans son corps et dans son cœur. Mais sommes-nous préparés, initiés ? Quel est notre degré d’ouverture ? Si le sujet n’est pas apte à ouvrir son cœur il risque de perdre sa foi dans la vie et même la source de la vie.
Si le sujet se laisse entraîner dans un tourbillon, il peut être entraîné dans des sillons inférieurs, voire marécageux.
Dans ce temps nécessaire pour se retrouver, s’appuyer et faire confiance, l’événementiel apporte toujours une solution bénéfique, la résolution d’un problème.
Alors l’événementiel change tout comme les nuages dans le ciel s’en vont, le ciel se modifie et on assiste à un changement de temps, il nous faut être toujours à l’écoute pour l’appréhender et le suivre.
C’est aussi cela le rôle du thérapeute, de naviguer bien au-delà des vagues et des tempêtes, des humeurs et des somatisations mais aussi des maladies et faire comprendre au sujet les raisons de ses échecs, l’origine de ses naufrages, pour naviguer au-delà de ces événements.
Cela apporte au thérapeute. A travers toutes les histoires vécues qui lui sont contées il apprend ce qu’est la réalité de la vie et cela permet à chacun de se rebaigner dans la réalité. On n’évince pas la réalité de la vie mais on s’y baigne au sens de s’en imprégner de plus en plus.
Voilà qui est bien différent de bénédictions épiscopales ou autres mais aussi de l’assistanat de plus en plus préconisé. Cette attitude harmonieuse de l’homme uni permet de se réaliser ensemble dans la sagesse de chacun.
Chacun a sa propre vérité.
Chacun a sa propre sagesse qui est la Connaissance de soi-même. Tel est l’art de la maïeutique. On se perpétue soi-même car chacun doit aider et dans l’allaitance de chacun se trouve le creuset de la vie. On communique par le partage. Les esprits vivent dans des mondes différents du notre, ils ne peuvent prendre notre monde à leur charge. Ils peuvent nous accompagner disent les Balinais, être à côté de nous et ne pas nous remplacer car nous sommes libres de notre vie. C’est cela la solidarité spirituelle